31.03.17 – 16h – 18h
Université Paris I – Campus Panthéon
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N.B. : notre définition de « non-blanches” se fonde sur le concept socioculturel anglo-saxon de “blanchité” (en anglais « whiteness ») soit « l’hégémonie sociale, culturelle et politique blanche à laquelle sont confrontées les minorités ethnoraciales. »
Cette définition de la « whiteness », qui a notamment été introduite en France par Maxime Cervulle (sociologue et maître de conférence en sciences de l’information à l’Université Paris 8) se repose sur des « Whiteness Studies » : des études interdisciplinaires développées au début des années 1980 avec la sociologue britannique Ruth Frankenberg et l’auteure afro-américaine Toni Morisson, prix Nobel de Littérature en 1993.
Si la visibilité des artistes féminines dans les industries culturelles s’est améliorée ces dernières années, ces progrès en termes de parité ne s’étendent que rarement aux artistes non-blanches. Si on peut observer que les médias et les institutions culturelles se penchent désormais sur la question de la « diversité », son caractère racial est lui toujours faiblement pris en compte. En parallèle, on peut s’interroger sur les motivations des structures économiques dominantes qui ont commencé à intégrer les talents issus des minorités ethniques dans leurs stratégies marketing pour capter de nouveaux marchés.
Avec l’appui des communautés numériques et des réseaux sociaux, des formes de revendications pour l’inclusion des femmes non-blanches dans les sphères de créativité et les facteurs de production ont quant à elles évolué en prenant la forme de créations auto-produites. Animées d’un esprit « for us by us », créatrices, journalistes et entrepreneuses se sont propulsées dans l’espace public pour redéfinir la représentation des femmes non-blanches dans le paysage culturel français, amenant ainsi de nouvelles perspectives sur la richesse culturelle de la France postcoloniale.
Faut-il éternellement se reposer sur l’autoproduction pour satisfaire les revendications des minorités ? Comment amener les institutions culturelles dominantes à inclure de façon pérenne les femmes non-blanches dans le secteur, aussi bien au niveau de leur représentation que dans les structures de pouvoir ? Quelles actions sont-elles envisageables pour favoriser l’émergence et la diffusion de talents artistiques féminins issus de la « diversité », et ainsi contrer les phénomènes de plafonds de verre et/ou d’auto-censure ? Ces actions peuvent-elles faire évoluer la figure de la femme non-blanche dans l’imaginaire collectif français ou a contrario crisper davantage les replis identitaires au sein de notre société ?