Projet Re-Création | De Bukavu à Paris, la danse comme moyen d’émancipation

Re-création by Loba est un projet qui permet aux femmes congolaises victimes de violences sexuelles de réapprivoiser leur corps par la danse. Lancé en 2016 par le jeune professeur de danse Bolewa Sabourin, le projet en appelle en juillet 2017 au financement participatif pour pouvoir continuer à aider ces femmes à travers l’« artivism » : l’art au service de l’engagement. La campagne s’achève ce samedi 15 juillet alors que l’association a déjà organisé plusieurs événements dans les rues parisiennes.   
L’art au service de l’engagement : l’association Loba et la naissance du projet Re-Création

Bolewa Sabourin est le co-fondateur de l’association Loba, une association de jeunes franciliens créée en 2008, dont l’objectif est de mettre l’art au service de la cité.

Autodidacte au parcours atypique, Bolewa Sabourin pratique la danse depuis toujours. C’est au cours d’une conférence qu’il rencontre le docteur Denis Mukwege aussi connu sous le nom de « l’homme qui répare les femmes ».

Les travaux du docteur trouvent un écho fort avec l’histoire  et les préoccupations de Bolewa : ses origines franco-congolaises, sa passion et son métier de danseur ou encore son expérience politique en France (notamment son expérience de chargée de mission jeunesse à la Mairie du 11-12ème).

« Ces femmes ont besoin de créer une distance entre l’objet de leur souffrance et la manière de la libérer. La pratique de la danse leur permet de créer cette distanciation. »

Bolewa nous explique que la fondation Panzi du docteur Mukwege avait reçu l’aide de plusieurs psychologues et psychanalystes occidentaux dans son combat pour guérir les femmes ayant été victimes de violence physique. Pourtant, cela ne semblait pas être suffisant : « Ces femmes sont pudiques, elles n’ont pas la culture de s’asseoir sur un divan et de parler de leurs problèmes. Elles ont besoin de créer une distance entre l’objet de leur souffrance et la manière de la libérer. La pratique de la danse leur permet de créer cette distanciation ».

C’est ainsi qu’a émergé l’idée de guérir et libérer de leur souffrance les femmes congolaises suivies au sein de la fondation Panzi par la danse.

Créer des espaces de dialogue et d’émancipation par la danse

« Quand j’arrive dans un parc ou dans un espace public avec des danseurs et des tam-tam, tout de suite les gens s’arrêtent, regardent et dansent avec moi. Ca permet de créer une émulation collective : c’est beau de voir des gens bien danser, et c’est beau de danser avec eux. Une fois qu’on a rompu les barrières et créé un espace commun, je leur parle du projet. Ils adhèrent ou pas, mais au moins ils ont écouté l’information jusqu’au bout. »

La danse et l’artivism en général permettent ainsi de créer des espaces de dialogue dans une ville comme Paris, où les gens restent dans leurs bulles et ne s’intéressent pas facilement à ce qui se passe ailleurs.

« Quand j’arrive dans un parc ou dans un espace public avec des danseurs et des tam-tam, tout de suite les gens s’arrêtent, regardent et dansent avec moi. Ca permet de créer une émulation collective : c’est beau de voir des gens bien danser, et c’est beau de danser avec eux. »

De Bukavu à Paris, danser sa souffrance pour se reconstruire  

Le projet « libère, connecte et transcende ». Par la danse, Bolewa et sa compagnie, implantée en France, interpellent et mobilisent.

À Bukavu, Re-Création permet aux femmes de danser leur souffrance, avec l’ambition plus tard de pouvoir la mettre en scène et se reconstruire.

En France, ce projet a aussi un impact positif décisif puisque de nombreuses interventions, ateliers artistiques et happenings sont organisés pour sensibiliser à cette cause. Cela nous incite notamment à « ne pas attendre le 8 mars pour s’intéresser aux femmes » qu’elles soient africaines ou pas.

« L’engagement est une fête »

Au-delà d’une connexion entre le Congo et la France, les deux pays où Bolewa a vécu, c’est avec le monde entier que la danse permet de se connecter, par le langage du corps, unique et sans frontières. En créant le Panzi Dance Challenge, le projet donne l’occasion à tous de se mobiliser de manière festive, de porter la cause de ces femmes aux yeux de tous et d’exister sur la place publique.

Les chiffres des violences faites aux femmes sont affolants et ne décroissent pas au fil du temps. C’est au nom de toutes ces femmes, qui bien trop souvent restent silencieuses, que vous pouvez contribuer à rendre possible les ambitions portées par le projet Re-Création.

Pour s’impliquer tout en s’amusant et reproduire les pas de danse présentés sur les vidéos, rendez-vous sur le Panzi Dance Challenge, nom de la collecte KissKissBankBank qui se clôturera demain.

Afin que l’engagement soit vécu et vu comme une fête, comme la célébration du don aux autres.


Lina Fahsi & Fiona Forte