Conférence : « Les femmes non-blanches dans le paysage culturel français : au-delà de la représentation »
31.03.17 – 16h – 18h
Université Paris I – Campus Panthéon
—
Si la visibilité des artistes féminines dans les industries culturelles s’est améliorée ces dernières années, ces progrès en termes de parité ne s’étendent que rarement aux artistes non-blanches. Si on peut observer que les médias et les institutions culturelles se penchent désormais sur la question de la « diversité », son caractère racial est lui toujours faiblement pris en compte. En parallèle, on peut s’interroger sur les motivations des structures économiques dominantes qui ont commencé à intégrer les talents issus des minorités ethniques dans leurs stratégies marketing pour capter de nouveaux marchés.
—
Avec l’appui des communautés numériques et des réseaux sociaux, des formes de revendications pour l’inclusion des femmes non-blanches dans les sphères de créativité et les facteurs de production ont quant à elles évolué en prenant la forme de créations auto-produites. Animées d’un esprit « for us by us », créatrices, journalistes et entrepreneuses se sont propulsées dans l’espace public pour redéfinir la représentation des femmes non-blanches dans le paysage culturel français, amenant ainsi de nouvelles perspectives sur la richesse culturelle de la France postcoloniale.
—
Faut-il éternellement se reposer sur l’autoproduction pour satisfaire les revendications des minorités ? Comment amener les institutions culturelles dominantes à inclure de façon pérenne les femmes non-blanches dans le secteur, aussi bien au niveau de leur représentation que dans les structures de pouvoir ? Quelles actions sont-elles envisageables pour favoriser l’émergence et la diffusion de talents artistiques féminins issus de la « diversité », et ainsi contrer les phénomènes de plafonds de verre et/ou d’auto-censure ? Ces actions peuvent-elles faire évoluer la figure de la femme non-blanche dans l’imaginaire collectif français ou a contrario crisper davantage les replis identitaires au sein de notre société ?
N.B. : notre définition de « non-blanches” se fonde sur le concept socioculturel anglo-saxon de “blanchité” (en anglais « whiteness ») soit « l’hégémonie sociale, culturelle et politique blanche à laquelle sont confrontées les minorités ethnoraciales. »
—
Cette définition de la « whiteness », qui a notamment été introduite en France par Maxime Cervulle (sociologue et maître de conférence en sciences de l’information à l’Université Paris 8) se repose sur des « Whiteness Studies » : des études interdisciplinaires développées au début des années 1980 avec la sociologue britannique Ruth Frankenberg et l’auteure afro-américaine Toni Morisson, prix Nobel de Littérature en 1993.