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Karim, le restaurateur qui est toujours là

Karim, 34 ans, est le gérant de l’Entracte, un restaurant bar qu’il a ouvert en 2016 dans la ville du Bourget en Seine-Saint-Denis. Portrait d’un entrepreneur qui offre bien plus qu’un café à ses clients.

Le temps est pluvieux  tandis que les habitués, comme chaque samedi après-midi,  franchissent un à un les portes grinçantes de « l’Entracte », le bar de Karim.  Le cadre est chaleureux et les fidèles ont à peu près tous leurs marques dans l’antre de Karim.

« L’Entracte » il l’a racheté en 2012 à un ancien patron qui n’arrivait pas à faire tourner la boutique. « C’est une création d’activité ici, le restaurant marocain ne tournait pas. C’est resté fermé longtemps ».  Depuis, son affaire a fructifié et Karim s’est fait une place dans la vie des bourgetins. Placé à deux pas de l’hôtel de ville, la clientèle défile : le Maire, les élus et les agents de services passent souvent à « l’Entracte » pour un café ou un déjeuner sur le pouce, mais pas seulement.

Le café-restaurant de Karim connait aussi une toute autre clientèle. « Je suis collé au restau du cœur, tu vois la queue trois fois par jour tu pètes un câble », explique le patron. Souvent, il est amené à offrir le café aux bénéficiaires de l’association caritative. « Ici, c’est pas comme à Paris, poursuit le gérant. C’est pas la même population, y a des gens ils viennent ils n’ont pas de sous, y en a ils mangent ils te disent je te paie plus tard. Tu vois la misère ici ». Plus qu’un café, Karim souhaite offrir à tous ses clients un moment de détente, une pause dans  leur vie parfois difficile.

Karim connait bien les quartiers populaires. Né à Bobigny en Seine-Saint-Denis, il grandit dans une famille de quatre enfants. Aujourd’hui ses frères et sœurs sont tous « cadres ». Lui est le seul dans les « affaires ».  Karim a suivi une scolarité moins éclatante. « J’ai eu mon bac et même un BTS dans l’immobilier ».

Mais le jeune balbynien se lasse vite du quotidien estudiantin et voit ses amis se lancer dans l’entreprenariat. Karim se lance aussitôt : « Après l’école je suis devenu livreur et après j’ai ouvert une paella hallal à Bobigny»

Alors qu’il souffle sur sa vingt-cinquième bougie, il part en Belgique pour des vacances et voit une opportunité. « J’ai racheté deux affaires à Liège en Belgique que j’ai revendu plus tard». Tout parait comme une évidence, la vente et l’achat avec un sens aiguisé des affaires s’enchainent dans la vie de ce jeune entrepreneur.

La porte s’ouvre, un homme et sa fille entrent accompagnés d’un chien. La jeune fille se libère de son manteau et se dirige rapidement vers le comptoir pour saluer Karim. et s’apprête à l’aider. Karim est en mouvement continu et sert sa clientèle avec toujours autant d’attention.] L’homme accompagné de son chien lui demande de lui garder son animal le temps d’une course, Karim acquiesce de la tête sous le bruit incessant des machines à café

« Y a un retraité qui a fêté son passage à la retraite ici, il a privatisé l’endroit. Il était totalement ivre à la fin. Je l’ai raccompagné chez lui et je suis resté chez lui jusqu’à ce qu’il décuve ».

Au loin, accrochée au mur, la télévision branchée sur une chaine d’information en continue, laisse filer des bribes d’informations. Aussitôt il rebondit. « Macron c’est la politique, la banque c’est le monde du terrain ». Faisant référence aux différentes mesures du gouvernement visant à faciliter la vie aux entreprises et la difficulté au quotidien pour les entrepreneurs de se faire financer.

« Il faut du courage dans cette vie sinon t’es cuit », soupire le patron en expédiant un énième café noisette. La porte du café grince à nouveau comme un éternel recommencement, Karim est là.


Un portrait écrit par Mohamed, dans le cadre de programme Le Bruit de Ma Ville

Couverture : Clément Lecocq
Icône tacos crée par Maxim Kulikov from the Noun Project

fixer

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fixer

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