Les marinas ont le vent en poupe dans la région. Avec le projet du Grand Paris, de nombreuses communes souhaitent créer leur propre port de plaisance et gagner en attractivité. Aujourd’hui, cap sur Cergy et son « port Cergy », première marina à être sortie des eaux en Île-de-France il y a 27 ans déjà, en 1991.
Lorsque l’on pense à une marina, certains s’imaginent au bord de la mer dans le sud de la France, d’autres se remémorent quelques jours passé sur la côte Atlantique lors d’un été adolescent.
Un port de plaisance est alors synonyme de vacances, d’une forme d’exotisme loin d’un quotidien bétonné. Mais tout cela pourrait bientôt changer pour de nombreux habitants de l’Île-de-France et faire, un jour, partie intégrante de leur vie. C’est par exemple déjà le cas à Cergy dans le Val d’Oise.
À la descente du RER A à l’arrêt Cergy Préfecture, on est pourtant loin de s’imaginer trouver un lieu de farniente à quelques pas.
Station RER “Cergy Préfecture” et son escalier pour rejoindre la place de la Fontaine
Rien n’indique la marina depuis la gare RER, si ce n’est un panneau au loin. Le cadre ressemble encore à celui de nombreuses villes qui bordent Paris et sa couronne. Si on ne connaît pas, l’idée de pouvoir prendre un verre dans un cadre de bord de mer ne peut nous venir à l’esprit.
À cet instant, après avoir monté les quelques marches qui nous en sépare, il apparaît plus simple et plus logique de s’asseoir à l’une des tables des bars ou restaurants postés sur la place de la Fontaine.
Place de la Fontaine à Cergy
L’endroit est vivant et agréable, les activités et magasins nombreux, mais on est loin d’une sensation d’évasion. Pour connaître ce sentiment, il faut encore continuer son chemin, en passant d’abord devant l’université de Cergy-Pontoise.
Université de Cergy-Pontoise et le boulevard du Port
Le “Port Cergy” se rapproche. Le lieu est d’ailleurs connu et apprécié par les élèves de la fac. « Je suis de Cergy Le Haut et ouais j’y vais souvent. Pour moi, c’est le coin le plus cool de Cergy. Il y a tout là-bas ! Une chicha, des bars, l’Oise, les bateaux…». Le port a également pu aider à changer la vision de la ville pour certains nouveaux étudiants. « J’y suis allée une fois. Je me suis dit que cela devait être le meilleur coin de Cergy. Je viens d’arriver et pour être honnête, j’avais une image assez négative de la ville. Au moins cela donne un endroit cool où aller. »
Outre les étudiants, ce discours est partagé par les jeunes du coin, comme ce groupe posé le long d’un grillage proche du parking d’Auchan. Ils expliquent y aller « de temps en temps pour prendre un verre, fumer. On fait même des barbecues dans le coin. Ça déchire comme endroit ! » Quelques mètres plus loin, un autre emboîte le pas, avec le même enthousiasme. « Je suis du quartier La Justice et j’y vais quasiment tous les week-ends. Le seul problème hier, c’était que personne ne diffusait le match de Paris ! »
Face au port
Après avoir descendu de quelques encablures le bien nommé « boulevard du port » qui borde l’université et traversé plusieurs quartiers pavillonnaires, l’ambiance s’apaise. Le trafic se fait moindre, les indices plus nombreux. Comme le nom donné aux logements de l’ESSEC, la grande école de commerce locale, appelés « Résidence du port ». Une fois passé, au loin, certains mats commencent à apparaître, jusqu’à se retrouver nez à proue avec les nombreuses embarcations. Voici donc le “Port Cergy”, avec sa soixantaine de bateaux de plaisance aux tailles et aux noms aussi variés et particuliers que : « Volny » « ElmaJa » « Cool breeze » « Samara » ou encore « Centaure ».
Le Port Cergy et l’église Saint Christophe vus depuis les quais
Sur place, l’atmosphère est sereine, calme comme les eaux de l’Oise. On est déjà bien loin de l’agitation de Cergy Préfecture. Après quelques minutes, on en oublierait même presque tout le reste, bien aidé par l’architecture des bâtiments, proche de celle des villes maritimes et éloignée de celle du reste de Cergy. Les habitants ou travailleurs en pause profitent des extérieurs des restaurants, pendant que certains plaisanciers prennent l’apéritif directement depuis leur terrasse flottante. C’est le cas de ce couple de retraités avec leurs deux petits-enfants. « On est heureux de pouvoir leur offrir ce cadre, ça les change et leur fera des souvenirs pour plus tard. »
Le Port Cergy depuis les quais de la tourelle
Joindre l’utile à l’agréable
Si ces derniers profitent du panorama, leur bien-être n’est pas le seul objectif de la municipalité. « L’idée est de renforcer l’attractivité touristique de Cergy » indique Jean-Paul Jeandon, maire PS de la ville, à l’occasion de la présentation du nouveau projet « Port Cergy 2 ». Avec le succès du premier et le boom du marché des bateaux de plaisance, un nouveau projet a en effet été mis sur pieds. D’ici quelques années, un nouveau bassin de 150 anneaux à bateaux, entourés de nombreux commerces et hôtels, aura trouvé sa place. Ce nouveau site permettra d’attirer de nouveaux touristes et plaisanciers mais également de nouveaux résidents pour la commune. L’objectif est donc bien de “dynamiser”encore les environs. Comme l’explique Mr. Jeandon, la création de ce deuxième port « se traduira par une activité financière et économique, car un anneau est égal à deux emplois, donc 150 anneaux c’est potentiellement 300 emplois ».
Carte regroupant l’ensemble des projets en Île-de-France.
Sur toute la région, 6 créations de marinas sont en cours, avec : Cergy 2, l’Isle-Adam, Pantin, Coupvray, Cormeilles-en-Parisis et Verneuil-sur-Seine. Entre ces projets portant sur des quartiers entiers et ceux de simples réaménagements des ports fluviaux de plaisance, si tous sont menés à bien, la capacité d’accueil de bateaux aura quasiment doublé. Ces villes et leurs environs seront alors dotés d’une attractivité nouvelle et permettront à leurs habitants de pouvoir profiter d’un décor de carte postale au plus près de chez eux. L’Île-de-France n’aura alors jamais aussi bien portée son nom.
