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Une utopie du 14e parisien

Planqué au beau milieu du chantier immobilier des Ateliers Gaîté, le village urbain « Le Consulat » laisse entrevoir un futur radieux pour le quartier Montparnasse. Ouverte jusqu’à fin octobre 2018, cette pépite ferait bien d’inspirer son entourage afin que d’autres projets similaires voit le jour dans le 14e arrondissement de Paris.

À deux pas de la bouche du métro Gaîté, qui recrache avec parcimonie les passants, une nouveauté détonne. Le calme routinier du quartier est étrangement ébranlé par une émulation nouvelle. L’ordinaire triste mur du 2 rue Vercingétorix a désormais de l’allure. Certains locaux jettent un coup d’œil furtif, d’autres passent leur chemin avant de se retourner le regard dubitatif.

Sans le savoir, les habitants du Montparnasse déambulent depuis juin autour d’un magnifique trésor : Le Consulat. Comme tout ce qui est précieux dans ce bas monde, ce lieu est itinérant et éphémère (180 jours de juin à octobre 2018*) et se définit lui-même comme la « représentation du monde de demain ». Un ex-complexe en friche devenu l’adresse à ne pas manquer, le tout à la sauce économie-solidaire, responsable et bien-sûr social. Certains crieront au génie et ils auront raison, le futur du 14e est peut-être là. Penser, Réunir, Danser, Agir, voilà ses quatre missions. En clair, un mouvement constant qui tranche radicalement avec le bel endormi qu’est l’arrondissement du sud de Paris.

Imaginé par l’association G.A.N.G (Groupe, Action, Néo, Green) sous l’impulsion de son créateur Lionel Bensemoun, et épaulé par de nombreuses autres, le Consulat sait prendre plusieurs formes tout en gardant en vue sa spécificité : mêler le festif à l’engagé. L’ancien hôtel particulier totalement déserté de 3000 m2 étalés sur 4 étages passe d’un site de réflexion et de débat à une scène de concert et/ou boîte de nuit. 

Fort d’une première édition réussie en septembre 2016 rue Ballu dans le 9e, avec pas moins de 10 000 visiteurs, 130 associations, 40 conférences et 25 concerts en seulement 30 jours, le retour des « conspirateurs positifs » suscite une réelle curiosité.

Cette nuit, le repère se couvre d’un sujet sensible mais conserve son visage convivial et dansant : bienvenue à la rentrée de la Fondation des Femmes – objectif « la Nuit des Relais » (course solidaire contre les violences faites aux femmes qui aura lieu le 4 décembre au Grand-Palais). En apparence il n’y a rien d’une soirée exceptionnelle, mais quand on ouvre l’œil, de petits détails disséminés aux quatre coins du lieu sautent aux yeux. Une majorité de femmes, des témoignages percutants inscrits sur des kakémonos, la possibilité de constituer son équipe pour la Nuit des Relais et d’en être gratifié de surprises au cours de la soirée… Discret mais efficace.

En guest hosts, la célèbre Calypso Rose, victorieuse l’année écoulée de « la Victoire de la Musique pour le Meilleur Album de Musiques du Monde », et l’acide humoriste Tania Dutel font le show. Au cœur de la « Place », on claque des mains, entonne un refrain ou rit. La lutte est belle et légère, le message tranchant.

Ce soir comme beaucoup d’autres, le Consulat profite de son cadre décomplexé pour aborder une problématique centrale.

Du Space Project (centre d’art éphémère) au coin bien-être, en passant par un pôle média ou une zone récréative, le Consulat sait attirer et rassembler en détruisant l’image parfois répulsive de l’associatif. Ici il y en a pour tous les goûts, et plus encore. « Du graff à la radio, de l’éloquence à la coopération », c’est beau, fun, et bienveillant.

Au moment où les Ateliers Gaité (portés par la société immobilière Unibail-Rodamco) promettent de rénover L’îlot Gaîté à horizon 2020, avec notamment la rénovation intérieure de l’hôtel Pullman Paris Montparnasse, le déménagement de la bibliothèque Vandamme, la création d’un immeuble de 62 logements sociaux, celle d’une crèche, d’un immeuble de bureaux neufs et du centre commercial « Les Ateliers Gaîté », le Consulat fait l’effet d’une promesse qu’il ne faudra pas décevoir.

La maire de l’arrondissement Carine Petit avance d’ailleurs dans les colonnes du journal Le Point qu’il « faut tourner la page de cet urbanisme de dalle qui a mal vieilli et gommer ces couloirs automobiles semi-autoroutiers.» Espérons qu’à la différence du Consulat, cet espoir ne soit pas éphémère.

*fermeture temporaire du 10 septembre au 2 octobre.

Augustin Delaporte

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Augustin Delaporte

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