Un « Paye Ta Ville » avec Fik’s, c’est des aller-retours sur le RER B, entre Paris et les Ulis. On l’a rencontré à l’occasion de la sortie de sa compilation de l’été. Ca s’appelle Kartier General Radio volume 2 – Mix and Host by Dj Myst et John Steel. On l’écoute cet été, avant de se plonger dans son prochain projet, dès la fin de l’année 2018 pour une série de 3 EP de 7 titres. On vous tiendra au courant.
T’habites où ?
Paris intramuros.
Ton premier souvenir marquant dans ta ville ?
L’architecture de ma ville. Les Ulis c’est un gros complexe HLM au milieu de la campagne. Quand je suis arrivé aux Ulis j’avais 7 ans, et pour moi ces grands bâtiments ça voulait dire que j’allais me faire plein de nouveaux copains !
Est-ce que tu trouves que ce quartier a changé ?
Énormément. Les efforts de réhabilitation urbaine et le phénomène de gentrification ont transformé les Ulis. Avant, c’était une ville ouvrière et aujourd’hui, l’objectif est plutôt d’y attirer les classes moyennes.
Où est-ce que tu vas pour te poser ?
Pas loin de là où j’habite maintenant, tout dépend de mon humeur.
Quand c’est pour faire la fête, c’est Bastille et Châtelet – comme quand on était jeunes en mode grosse équipe.
Pour boire un café ça sera plus Denfert, Saint-Michel, Luxembourg, Mouffetard. En fait j’adore ce quartier parce que quand on était plus jeunes, c’était là où on sortait, on mangeait nos meilleurs grecs et on allait aussi se poser pour lire des livres chez Gibert. Il y avait la médiathèque des Ulis pour lire des livres, mais là c’était pas pareil, c’était l’évasion à la portée de la ligne B du RER.
Une expression de ta ville que tu aimes bien ?
Ca vient des Ulis : « Dégaine ton style ! » Chez nous, elle veut tout dire : décroche tes diplômes, trouve ta voie, ton job, ta vocation..
Et sinon il y en a une autre : « Ouais t’as gagné toi » : c’est représentatif de l’état d’esprit des Ulis : on se charie H24. Celle là, ça veut dire qu’on grille que tu balances un mytho, ou que tu fais un truc qui ne te ressemble pas.
La ville où t’aimerais habiter ?
J’y suis ! C’est Paris d’abord. Sinon je me vois bien habiter à Kinshasa, dans le quartier du Mont-Fleury, ou encore à Ipanema à Rio.
Des bruits de la ville qui t’ont influencé dans tes productions ?
Clairement le bruit des bécanes aux Ulis ; c’est un bruit avec lequel on a grandi : les CR, les KX, les quads, on a grandi avec ses bruits là. Les bruit des ballons de foot qui raisonnent dans les cours aussi.
Des odeurs ?
Aux Ulis, on grandi avec des odeurs qui viennent des quatre coins du monde : bœuf bourguignon, brandade de morue, pondu, couscous, mafé etc.
A quoi ressemblerait ta ville imaginaire ?
Ma ville de rêve – c’est à cause des mangas et des animés – ressemble beaucoup à Tokyo.
Ta ville cauchemar ?
Une ville du sud des Etats-Unis dans les années 50-60.
Ce qui t’apaise en ville ?
Les terrasses, le passage des gens, de prendre mon temps malgré l’agitation ambiante.
Ce qui t’énerve en ville ?
Ceux qui bousculent, ceux qui pensent que la route et le métro, c’est leur père qui les ont posés. En gros, ceux qui t’imposent leur mal-être. Tout le monde doit faire un effort pour qu’on puisse vivre ensemble.
Une musique sur la Ville ?
Au moins deux, N.Y. State Of Mind – Nas et Inner City Blues – Marvin Gaye
Un film sur la Ville ?
La haine de Mathieu Kassovitz, c’était ma jeunesse !
Ta ville rêvée pour jouer un concert ?
Un stade à Kinshasa, avec des gens prêts à entendre ce que j’ai à leur dire, ouverts à des prises de conscience. J’aimerais que le concert soit gratuit accessible à tous et sans heurt ni violence.
Si tu devais remplacer l’Arc de Triomphe par quelque chose ce serait par quoi ?
Je mettrais bien un rond-point avec un globe terrestre géant. Que chacun l’interprète comme il peut.
Photo de couverture : Yveline Ruaud, qui a déjà beaucoup parlé avec Fik’s et l’équipe des Ulis de leur ville et ses concours de clash mythiques pour sa série Dégaine ton style part. 1, part.2 et part.3
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