Le rappeur originaire du nord de Paris s’est prêté au jeu du « Paye ta Ville ». L’occasion pour lui de nous parler des Buttes Chaumont, Montreuil, Hawaï ou encore d’un de ses prochains morceaux : « Boulevard ».
T’habites où ? Le nord de Paris.
Ton premier souvenir marquant dans ta ville ? Quand je jouais dans la cours, là où j’ai grandi, et aux Buttes Chaumont.
Est-ce que tu trouves que ce quartier a changé ? La gentrification a fait effet…
Où est-ce que tu vas pour te poser ? Depuis une petite année je traîne souvent à Porte de Bagnolet dans le 20e.
Une expression de ta ville que tu aimes bien ? J’ai été un moment à Montreuil et ils utilisent beaucoup les « -ave », genre nachave, bédave etc. Y a aussi narvalo. Tout ça vient du champ lexical manouche.
La ville où t’aimerais habiter ? Y en a plein mais j’ai récemment visité Jérusalem, Ramallah et Hébron et j’y ai vu des choses qui me marqueront sans doute à vie. J’aime beaucoup voyager, j’ai besoin de ça pour faire le vide, recharger l’inspiration et prendre du recul sur ma place dans l’univers. De plus en plus j’ai besoin de réaliser que nous ne sommes que d’infimes particules, que la musique, le Printemps de Bourges et les vues sur Youtube c’est pas si important. Donc en vrai, je pourrais habiter n’importe où.
Des bruits de la ville qui t’ont influencé dans tes productions ? J’ai écrit une chanson qui s’appelle « Boulevard » et qui parle de tout ce que je vois quand je me balade en ville. On est en train d’ajouter sur la prod des bruits que j’ai enregistré à Paris.
Des odeurs ? Quand je rentre de vacances d’été j’aime bien cette odeur de chaleur parisienne mélangée à la pollution. C’est une madeleine de Proust assez positive, je ne suis pas dégouté de l’odeur de la pollution quand je rentre.
A quoi ressemblerait ta ville imaginaire ? Les villes ne me vont qu’un temps, donc il faudrait que ce soit une ville qui puisse se déplacer, une ville en phase avec la nature et sans pollution lumineuse pour pouvoir y apprécier la vue des étoiles le soir.
Ta ville cauchemar ? Certaines villes asiatiques qui m’attirent pour leur côté dynamique mais qui en même temps représentent tout le non sens du système capitaliste actuel. Quand je vois des gens s’agglutiner dans le métro, ça m’émeut négativement. Je ne pense pas qu’il y ait de villes totalement cauchemardesques ou de villes oniriques. Pour avoir vu pas mal de ville, par exemple Naples, y a des poubelles de partout mais en même temps au coin d’une rue tu peux tomber sur un palais sublime du XVIIIe siècle. La dualité des villes m’intéresse beaucoup, c’est ce qui rend les choses belles.
Ce qui t’apaise en ville ? Parler avec du monde. Vivre en ville donne l’opportunité de pouvoir parler avec des tas de gens complètement différents. Peut-être que pour exister aux yeux du monde, j’ai besoin de parler aux gens et créer des liens avec, même s’ils sont minimes.
Ce qui t’énerve en ville ? C’est la façon dont la ville est capable de créer des sentiments chez les gens comme l’anxiété ou le stress. Ce sont des sentiments auxquels je peux aussi être assujetti. Il m’arrive d’être énervé parce que le métro, parce que le klaxon, parce que la pelleteuse ou le feu rouge… J’aimerais être moins sensible à ça mais c’est un long travail de tous les jours.
Une musique sur la Ville ? Itinéraire d’un chômeur de la Sexion D’Assaut. La Sexion mettait souvent des gens qui parlent au début ou à la fin de leurs sons, j’avais toujours l’impression d’y être. Ils parlaient beaucoup de Paris et à cette époque je sillonnais pas mal la capitale.
Un film sur la Ville ? A défaut d’être original, La Haine.
Ta ville rêvée pour jouer un concert ? Hawaï, pour kiffer le concert et après profiter d’un cadre idyllique pour créer.
Si tu devais remplacer l’Arc de Triomphe par quelque chose ce serait par quoi ? Je mettrais un truc architectural qui épouse les codes anciens et les technologies actuelles avec des panneaux photovoltaïques pour alimenter le quartier de La Défense. Un peu comme la gare de Stockholm où ils ont mis des capteurs thermiques. Il y a un million de gens qui y passent chaque jour et ça permet d’alimenter tout le quartier.
Propos recueillis par Nadim Pothier
Paye ta ville réalisé au Printemps de Bourges 2018
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