Quartier Mont d’Est, RER A, une matinée de mars. Nous avons rencontré Bernard, Laeticia et Rafia au hasard de Noisy-le-Grand. L’occasion pour eux de partager leur vision de la ville à travers l’évocation de leur lieu préféré à Noisy, des clichés qui collent à cette banlieue, et de leur vie dans le 93.
Comme tous les mercredis après-midi, Bernard, 69 ans, joue avec son petit-fils Joachim devant le lac de Noisy. Cela fait 50 ans qu’il vit à Noisy et pour en parler, il choisit immédiatement de raconter l’histoire de l’Esplanade de la Commune. Selon lui, la structure de cette place construite en 1970 était synonyme de lien social : les jeux pour enfants, les tables de pique-nique et les sinuosités générées par les escaliers disposées de part et d’autre de l’esplanade ont fait de ce lieu de béton un espace de rencontres, d’échanges et de partage. Quarante-huit ans après sa création, la Mairie de Noisy-le-Grand souhaite détruire cette infrastructure et la rendre horizontale. Pour Bernard, il aurait été plus pertinent de rénover ce lieu afin d’en garder l’âme.
Quand on lui parle du 93, il remarque que le département : « […] est souvent montré comme un lot : il y a un million et demi d’habitants et donc un million et demi de voyous, pour simplifier, et c’est dommage de penser comme ça. Il faut se battre contre cet état de fait. Comme disait Victor Hugo “ceux qui vivent sont ceux qui luttent”. Avant d’ajouter, avec un sourire malicieux : « seuls les poissons morts suivent le courant. »
Portrait écrit par Roxanne Khoury, Ana Maréchal et Marie Pasco
Photos par Roxanne Khoury