L’interview « Paye ta Ville » avec Oré

Jeune ingé son passée par le piano et le jazz, Oré compose une musique pétillante qui oscille entre pop et rap. Après le Printemps de Bourges, on la retrouvera notamment à Paris le 15 mai au FGO Barbara et le 25 mai au festival féministe les Aliennes au Hasard Ludique.

T’habites où ? À Paris, dans le 11ème.

T’y habites depuis combien de temps ? Ça fait cinq ans, bientôt six.

Ton premier souvenir marquant dans la ville où tu habites ? Je pense que c’est quand on a enfin trouvé un bar où se retrouver entre amis, un endroit familier en fait. C’est à partir de ce moment-là qu’on a vraiment commencé à apprécier Paris.

Où est-ce que tu vas pour te poser, être seule ? Dans un petit café de quartier.

La ville où tu es née ? Je suis née en Lorraine. À mes un an, quand mes parents se sont séparés, je suis descendue dans le sud de la France avec ma mère, à Narbonne. Ensuite, je suis allée vivre deux ans à Toulouse pour mes études avant de monter à Paris à 20 ans.  

Est-ce que tu trouves que ta ville a changé ? C’est toujours difficile de connaître Paris dans sa totalité. Mais je peux dire que mon quartier a changé. Quand je suis arrivée, c’était déjà assez bobo comme on dit. Après, y’avait plein de grossistes chinois en bas de chez moi et dans toute la rue du Chemin Vert, c’était que ça. Ça fait un an et demi qu’ils sont en train de tous fermer, que tout est en train d’être remplacé par des boutiques bios, de mercerie… Ça reste hipster mais c’est intéressant aussi. Y’a même un musée qui a ouvert juste en bas de chez moi, le Musée des Lumières. Ça a l’air super, j’aimerais bien y aller.

Une expression de ta ville que tu aimes bien ? « Vai-t’en cagar a la vinha e porta-me la clau ». C’est de Narbonne et ça veut dire : « va chier dans la vigne et ramène moi la clef ». En gros, va te faire voir. J’ai jamais compris ce que ça voulait dire mais j’ai toujours trouvé ça super drôle en vrai. C’est de l’occitan.

La ville où t’aimerais habiter ? Je sais pas encore, je me pose des questions… On cherche des solutions pour n’avoir qu’un pied-à-terre à Paris, et retourner habiter à la campagne par exemple.

Les bruits de la ville qui t’ont influencée dans tes productions ? J’aurais voulu m’en inspirer pour faire un morceau mais je l’ai pas fait : le son des ZOE, tu sais les voitures électriques. Elles font vraiment un son particulier. Quand je les entends, je me retourne direct. Ça fait un peu comme un fantôme, comme ça, qui passe. J’adore ce son !

Comment s’appellerait ta ville imaginaire et à quoi est-ce qu’elle ressemblerait ? Elle s’appellerait… allez, « Saint-Machin-la-Forêt ». Ce serait une ville qui serait entourée d’une forêt et il y aurait des hauteurs autour. Y’aurait une énorme médiathèque, des salles de concert… un peu comme Bourges en fait. Y’aurait aussi une énorme activité artistique, comme à Nantes. Il y aurait des lieux où on pourrait faire des choses en commun et beaucoup de jeunes personnes partiraient de Paris pour venir s’installer là et créer la culture ailleurs grâce à Internet. Créer des niches culturelles qui soient en-dehors de Paris, ce serait mon grand rêve.

Ta ville cauchemar ? Une ville qui manque de verdure. Ce serait Paris avec des immeubles moins beaux, des immeubles encore plus hauts, où on verrait moins le ciel et avec pas du tout d’arbres. Et beaucoup trop de voitures.

Ce qui t’apaise en ville ? Être au bord de l’eau.

Ce qui t’énerve en ville ? Les gens qui klaxonnent.  

Ville de jour ou ville de nuit ? Ville de jour, largement.

Le lieu urbain où tu voudrais tourner un clip ? Dans le Square Gardette. Pas vraiment un clip, plus un petit plan séquence parce que j’aime bien cet endroit.

Le Square Gardette dans le 11ème arrondissement (Paris). Credit : Paris Bise Art.

La petite habitude que tu as quand tu es dans ta ville ? J’aime bien de temps en temps aller à la bibliothèque pour aller emprunter des DVDs ou des CDs. Aller boire des cafés seule et me caler en terrasse pour lire un livre quand il fait beau. Souvent, j’ai pas le temps de le faire mais quand je l’ai, j’aime bien.

Et dans une ville étrangère ? Marcher dans la ville quand il fait beau. Sentir les odeurs quand on arrive au printemps, celles des restaurants, des marchands… entendre le chant des oiseaux. J’aime bien regarder les pigeons sinon (rires). Ils ont des trucs presque humains en fait entre eux.

La ville où prendre ta retraite ? Je me demande si ce serait pas Toulouse ou Metz. C’est deux villes que j’aime beaucoup mais qui font aussi partie de mon passé donc je ne sais pas si je pourrais vraiment y passer ma retraite.  

La ville ou le quartier où marcher la nuit ? Toulouse.

Une musique sur la ville ? Toulouse de Nougaro.

Une peinture ou une photo de ville ? Les photos de Doisneau, même si c’est très cliché.

Ta ville rêvée pour jouer un concert ? J’aimerais bien aller au Québec.

Ton endroit rêvé pour assister à un concert ? Le festival Les Déferlantes à Argelès-sur-Mer. Quand on est en train de regarder la scène principale, on voit la mer. C’est magnifique.

Ta balade urbaine préférée ? J’aime bien aller au parc de Belleville, en hauteur. Après comme c’est assez proche de chez moi, j’aime bien aller au Père Lachaise aussi.

Si tu devais améliorer quelque chose dans la ville dans laquelle tu vis, ça serait quoi ? C’est ce qui est en train de se faire : une ville encore plus piétonne. Verdir la ville aussi.

Si tu devais remplacer un monument d’une ville de ton choix par quelque chose d’autre ce serait lequel ? Par quoi ? À la limite, rendre la Bastille plus majestueuse, la mettre plus en valeur. Sans les voitures autour.

Une question que tu aurais aimé qu’on te pose au sujet de la ville ? Où est-ce qui s’est passé quelque chose de fort pour toi en ville ? Pour moi, y’a un café dans le 9ème qui a été le lieu d’une séparation et qui a été racheté par ma propre patronne aujourd’hui, par hasard. Du coup ce lieu a vraiment une histoire pour moi.


Propos recueillis par Fiona Forte.

Photo de couverture : Matthieu Ponchel. 

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Fiona Forte

Originaire de l’Essonne, Fiona construit sa réflexion autour de la ville à travers des projets visuels et éditoriaux pensés pour donner la parole aux habitants. Après des études de lettres et de sciences politiques, elle se tourne vers le journalisme et l’organisation de manifestations culturelles, en se spécialisant dans les enjeux urbains. En parallèle, sa pratique photographique s’enrichit au contact des pays qu’elle parcourt, notamment ceux du continent américain, et de reportages en région parisienne. Elle se consacre actuellement à l’écriture d’un documentaire vidéo sur le carnaval de rue brésilien et à la réalisation d’une série photographique sur les liens entre masculinité, féminité et séduction.

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Fiona Forte

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