Paye ta Ville

L’interview « Paye ta Ville » avec T2i

Jeune rappeur d’origine guyanaise habitant désormais Créteil, T2i travaille actuellement à un nouveau projet à sortir fin 2018. En attendant, on écoute Vem Cá, son nouveau titre hip-hop aux sonorités fruitées, et on lit son PTV.

T’habites où ? Actuellement j’habite en région Ile-de-France, à Créteil précisément.

T’y habites depuis combien de temps ? Depuis 2 ans, pour les études supérieures.

Ton premier souvenir marquant dans la ville où tu habites ? Je suis pas très attaché à cette ville, je le suis plus à la ville de Reims, dans laquelle j’ai vécu plus longtemps . Dans cette ville, les meilleurs souvenirs, c’est vraiment les rencontres dans le milieu hip-hop. Y’a une petite scène hip-hop qui se développe sévèrement avec des jeunes mecs qui commencent à monter de plus en plus. Après à la base je viens même pas de l’Hexagone, je viens de Guyane et c’est pour ça que je préfère évoquer cette ville là en souvenir parce que parmi toutes les villes que j’ai fréquenté, c’est vraiment de là que je garde les meilleurs souvenirs : Reims et Châlons en Champagne dans la Marne quoi.

Où est-ce que tu vas pour te poser, être seul tout ? Autour du lac de Créteil.

La ville où tu es né ? À Cayenne en Guyane, Amérique du Sud. Je suis arrivé sur l’Hexagone y’a bientôt 9 ans, presque 10 ans même, pour les études supérieures.  

Une expression de ta ville que tu aimes bien ? C’est une ville-dortoir donc je fréquente pas trop les gens. De Guyane en général, y’a un truc qui est dit : « La Guyane en grand ». Tout simplement, ça veut dire : petit département, gros objectifs (rires).

Les bruits de la ville qui t’ont influencé dans tes productions ? Ouais y’en a, pas de Reims par contre. Le dernier titre que j’ai sorti ça s’intitule Vem , c’est un sample brésilien et justement je me suis pas mal inspiré de l’arc-en-ciel qui règne en Guyane en fait. Y’a des Brésiliens, des Haïtiens, des Dominicains… J’ai grandi avec beaucoup de Brésiliens et j’ai voulu justement m’imprégner un peu de leur culture en samplant quelque chose de chez eux et en utilisant leur langue dans le refrain.

Comment s’appellerait ta ville imaginaire et à quoi est-ce qu’elle ressemblerait ? Elle s’appellerait « Rourin » ou « Reimsra », enfin un mélange de Roura et Reims parce que justement ce serait un mélange de cette ville des sacres qui est Reims et cette commune qui a un long passé, une longue histoire des afrodescendants, qui est Roura. Ce serait un mix des deux où on courronnerait peut-être je sais pas… les rois afrodescendants, dans cette ville imaginaire.

Ta ville cauchemar ? Ce serait une des villes des États-unis où règne le Ku Klux Klan. Une ville basée sur le rejet de l’être humain, quelque soit son sexe, sa couleur, ses orientations spirituelles ou sexuelles.  

Ce qui t’apaise en ville ? Pas grand chose. Moi je suis plus quelqu’un de la campagne. Donc si je devais choisir quelque chose en ville ce serait le calme, une zone déserte par exemple.

Ce qui t’énerve en ville ? Le bruit, le métro, les heures de pointe.

Ville de jour ou ville de nuit ? Ville de jour.

Le lieu urbain où tu voudrais tourner un clip ? Cayenne. Bien que j’y aie vécu, j’ai jamais tourné de clip là-bas. Même à Reims d’ailleurs. Donc je dirais que j’aimerais tourner un clip dans des territoires que je connais et que j’ai jamais exploité encore.

La petite habitude que tu as quand tu es dans ta ville ? Aller rôder au calme dans des zones posées.

Et dans une ville étrangère ? Me perdre pour découvrir le lieu.

Le type de personnes que tu aimes observer à une terrasse de café ? Les personnes qui sont vénères, qui s’engueulent. Surtout quand je suis dans un comportement complètement opposé, au calme. Je me dis chaque être humain a ses habitudes, ses modes de vie : quand toi tu souries, y’en a d’autres qui pleurent quoi. Et quand toi tu pleures, bah y’en a d’autres qui pètent la forme.

La ville où prendre ta retraite ? Roura.

La ville ou le quartier où marcher la nuit ? Je suis pas trop nuit mais je dirais une ville pas loin de Barcelone que j’avais visité la nuit, où je m’étais baladé. J’étais posé, il faisait chaud, ça m’a rappelé la Guyane. Je suis très nostalgique.

Une musique sur la ville ? Paname de Triptik. Après y’a aussi Street Phenomene de Valien.T.

Un film sur la ville ? Banlieue 13.  

Ta ville rêvée pour jouer un concert ? Bah là ce serait le Cabaret Vert (Charleville-Mézières), à l’instant T. Cayenne aussi pour le retour aux sources et sinon Rio ou Los Angeles, ou Paname aussi. Y’en a plein en fait. Je sais pas si je peux être gourmand en en disant plusieurs mais y’aurait Tokyo aussi. Ils comprendraient pas ce que je raconterais mais ce serait un objectif d’atteint.

Ton endroit rêvé pour assister à un concert ? Au Cabaret Vert, j’aime bien.

Si tu devais améliorer quelque chose dans la ville dans laquelle tu vis, ça serait quoi ? La sécurité. Y’a des trucs qui se passent à Créteil et un petit ajustement serait pas de refus.

Si tu devais remplacer un monument d’une ville de ton choix par quelque chose d’autre ce serait lequel ? Par quoi ? Dans toutes les villes de Guyane je virerais toutes les statues à l’effigie des colons. Et pareil dans tous les pays qui ont un passé colonial d’ailleurs. Je mettrais des statues à l’effigie des différentes cultures qui ont lutté pour l’évolution du territoire. Pas que les afro-descendants. En Guyane par exemple y’a les Amérindiens, les Laotiens, les Dominicains, les Créoles…  

Une question que tu aurais aimé qu’on te pose au sujet de la ville ? Quel serait l’endroit idéal pour poser un son ? Pour moi, ce serait un lieu en hauteur : une montagne, un point de vue où je puisse être en plein air et voir la ville avec mon matos posé, comme ça là. Je verrais la ville s’allumer, en été. Ça m’inspirerait et je balancerais des prods au rythme de la ville quoi.


Propos recueillis par Fiona Forte

Photo de couverture : Fiona Forte

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Fiona Forte

Originaire de l’Essonne, Fiona construit sa réflexion autour de la ville à travers des projets visuels et éditoriaux pensés pour donner la parole aux habitants. Après des études de lettres et de sciences politiques, elle se tourne vers le journalisme et l’organisation de manifestations culturelles, en se spécialisant dans les enjeux urbains. En parallèle, sa pratique photographique s’enrichit au contact des pays qu’elle parcourt, notamment ceux du continent américain, et de reportages en région parisienne. Elle se consacre actuellement à l’écriture d’un documentaire vidéo sur le carnaval de rue brésilien et à la réalisation d’une série photographique sur les liens entre masculinité, féminité et séduction.

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Fiona Forte

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