Interview | Senamo : Si t’étais… ?

Senamo est un rappeur bruxellois, membre du groupe La Smala. Il est connu pour son flow atypique, sa voix éraillée et sa mélancolie profonde. Ses collaborations sont multiples mais se font avant tout en famille, c’est à dire avec Seyté, Rizla, F.L.O, Shawn-H et DJ X-men. Je suis allé à sa rencontre pour lui poser quelques questions décalées sur sa personnalité, ses goûts et sa vision des choses.

Si t’étais un animal ?

Je serais sûrement une panthère noire ou un orque, les deux me feraient kiffer. Il y a ce truc de noirceur ! La panthère a quelque chose de majestueux. L’orque aussi, mais ça peut être tellement cruel… Et ça peut se déplacer en bande, j’aime bien cette idée aussi. Même les chats, j’adore. Je suis fanatique des félins. Mais en totem scout, on m’aurait plutôt attribué le petit renard rusé (rires).

Si t’étais une grande bataille ?

Je serais ma bataille personnelle. La vie au jour le jour est une bataille, je dois la gagner et être heureux à la fin sans avoir de regret.

Si t’étais une arme ?

Putain j’aime pas les armes, de base. J’aime bien Call of duty ou tuer des zombis. C’est un peu marrant mais j’ai jamais eu cette passion que des potes avaient pour les flingues à bille. Mais je dirais l’AK 47 parce que c’est efficace dans les jeux vidéo. C’est rapide, ça tire rafale !

Si t’étais un homme politique ?

Hum… (il réfléchit) Je ne m’y intéresse vraiment pas tu vois… En vrai j’ai peur de dire un personnage qui aurait de mauvaises idées ou quoi que ce soit. Après je trouve qu’il y a un truc chez Vladimir Poutine qui, malgré toutes les atrocités qu’il peut faire, renvoie une image assez forte, grandiose et même impressionnante. Il a un charisme inné même si on sait bien que c’est un enculé. C’est assez marrant, sur les réseaux sociaux les gens le mettent sur un dragon. Personne ne ferait ça pour Trump ou Hollande par exemple.

Si t’étais une figure de la révolte ?

Je dirais Bakounine, un anarchiste. J’aime bien les idées de « Ni Dieu ni maître », « sans foi ni loi », je suis assez proche de ce concept là. Alors que je respecte toutes les religions et tous les états d’esprit, mais moi, « ma religion personnelle », ma philosophie, c’est ça.

Le rappeur belge Senamo, quelques minutes après son passage au Rex de Toulouse, le 2 février dernier © Valentin Belleville

Si t’étais un réalisateur de films ?

Je pense que je serais plus un réalisateur de mangas. Genre Oda Eiichiro parce qu’il a révolutionné la manière de faire des mangas, d’amener les combats étape par étape. Il a ramené aussi un truc d’aventure où tu peux regarder ça avec ton fils. Il y a un message, chaque personnage est super travaillé, pas comme Dragon Ball où c’est un peu le foutoir.

Si ton rap était un plat ?

Il y en aurait deux. Ça serait les pâtes au pesto ou les pâtes à la tomate de ma mère. Avec du poivre de Cayenne… Incroyable.

Si t’étais un jeu vidéo ?

Tekken ! Je suis prêt à défier quiconque à chaque fois qu’on parle de ce jeu. J’invite qui veut à venir jouer, quitte à perdre, ça me fait plaisir parce que ça veut dire que t’affrontes quelqu’un d’intéressant. Mais je sais que dans mon réseau et dans les gens autour de moi, il n’y a personne qui me bat ! Quand quelqu’un me dit « je suis fort », j’ai un sourire en mode « vas-y baise tout c’est parti », tu vois. Peut-être que tu vas me la mettre et que je vais être haineux, mais ce sont des combats intéressants et c’est ça qui est cool. La compétition saine pour te faire évoluer.

Si t’étais une couleur ?

Le vert, sans hésitation.

Si ton rap était un courant artistique ?

Le graffiti, c’est con mais c’est ça qui a fait mes bases, mes racines. J’ai préféré le tag avant le rap, j’ai toujours kiffé les illustrations, la typographie, les mots et les lettres. Ma signature sur ma carte d’identité est un tag. Quand j’étais jeune je voulais le faire et c’est resté. Maintenant je me dis que mon fils ne pourra jamais recopier ma signature (rires).


Propos recueillis par Bastien Mirandel

Bastien Mirandel

Mon terrain ? La ville. Je l'arpente aux aurores après une soirée ou dans la nuit noire. A vélo ou à pieds, en voiture ou depuis les toits. Observer et retranscrire, mes maîtres mots.

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