Un samedi après-midi sur les quais, le froid glacial enveloppe l’horizon. À la gare de Pantin les trains se succèdent et on ne compte plus les passagers. Parmi eux, Christophe.
« Quoi ? Vous voulez un autographe ? Un autographe à 50 euros ! » lance Christophe avec un air sérieux mais un ton plein d’humour. Voilà les premiers mots que décroche l’homme en plein travail dans un uniforme qu’il porte comme une évidence. Le regard fixe et autoritaire, on sent pourtant dans ses yeux le goût pour l’humain. Ah oui ! L’humain ça le connait. Des gens, Christophe en rencontre tous les jours : « de la diversité rythme ces wagons », explique-t- il.
Avec beaucoup de sincérité, il parle de ces rencontres qui le font vivre, mais qui malheureusement ne se passent pas toujours dans la cordialité. Des insultes et des réflexions, il en reçoit plus que des bonjours. Christophe confesse qu’il a assisté au pire de l’être humain. L’abandon de la vie sur ces rails du RER, il le connaît un peu trop, « c’est « hard » mais c’est la vie aussi vous savez, surtout en période de fin d’année » murmure-t-il. Des mots crus qu’il prononce la voix tremblante. Pourtant son visage reflète la vie, entre les petites rides qui accompagnent ses yeux et le sourire qu’il garde malgré tout.
Son métier il le fait depuis tellement d’années qu’il ne les compte plus.
« Mais vous savez, le meilleur, je l’ai aussi vécu ici » dit-il en rigolant.
D’un coup, son regard s’adoucit. Christophe se souvient que c’est aussi grâce au RER qu’il a rencontré sa femme. Une rencontre cocasse puisque dès le premier jour il l’a faite pleurer. Voilà aujourd’hui 7 ans qu’ils s’aiment et il est même le papa d’un petit garçon.
C’est en riant qu’il raconte cette histoire qui aura changé sa vie. L’homme en uniforme fait le bilan d’un métier qui lui a valu le pire comme le meilleur depuis bientôt 20 ans.
Christophe doit retourner à ses fonctions, « je suppose que vous avez votre titre de transport ? » dit-il d’un sourire en coin, avant de repartir contrôler d’autres passagers.
Propos recueillis par Célia Kadi
Illustration par Afroboyiv
Article extrait de la série de portraits sur le RER E
Le 6 décembre 2017, onze jeunes auteur.e.s sont partis à la rencontre de parfaits inconnus sur les quais et dans les rames du RER E. De ces rencontres, ils ont choisi de mettre en lumière une ou deux personnalités. Voici donc la première série d’articles du programme « Le Bruit de ma Ville » : des portraits d’usagers de la ligne nord du RER E.
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