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Portrait | Avec Roy, les valeurs du judo ne s’arrêtent pas aux portes du dojo

Dans certains clubs, les présidents et entraineurs sont là pour les jeunes, au-delà des horaires d’entrainement. L’entraide et la solidarité sont des valeurs de la vie de tous les jours. Roy, président de l’association sportive de Bondy section Judo, partage ce point de vue.

Aujourd’hui, Roy n’est pas dans son dojo mais dans le RER E en direction de Rosa Parks. Il est accompagné par cinq ados du club. L’ambiance est bonne, les jeunes parlent de leurs derniers tournois et des prochains déplacements à venir. Légèrement en retrait, Roy contemple son groupe. Lorsque la joie se fait trop communicative, il n’hésite pas à faire un petit rappel : « il faut parler moins fort, nous sommes dans un train quand même ! ». Malgré son jeune âge, trente ans, Roy a toujours le mot juste pour se faire écouter. Ce jour-là, la troupe est de sortie pour aller chercher des déguisements pour les plus jeunes du club, une surprise pour finir 2017 sur une bonne note. « Quand je leurs ai expliqué qu’ils allaient prendre sur leur temps libre, ils sont quand même restés ».

Le train annonce l’arrivée à la station de Rosa Parks. Roy réunit son petit groupe avant de descendre et vérifie que rien n’est oublié. Pas un mot plus haut que l’autre, lorsqu’il parle tout le monde l’écoute, sa voix est rassurante mais ferme. En même temps, face à son mètre soixante-dix-sept et ses 80 kg, on n’a pas envie de provoquer un duel sur le tatami. Il est le dernier à sortir du train, puis le groupe se met en marche vers la sortie de la gare.

Dans le bus menant vers le magasin de location de costume, Roy explique qu’il veut organiser une fête, « un évènement chaleureux malgré le froid » pour faire plaisir aux petits du club. Apres une courte marche, les garçons sont devant le magasin. Roy sort une feuille et la confie au jeune le plus âgé et lui donnant une légère tape d’encouragement dans le dos. Il tient beaucoup aux moments de convivialité et de partage au sein du club. Il souhaite aussi que tous les licenciés puissent s’impliquer et échanger entre eux, du plus petit au plus grand. Pour certains, ils se connaissent depuis plus de dix ans. « D’autres jeunes sont même membre du Bureau ». Pour lui, le judo ce n’est pas que collectionner des médailles et « afficher un nouveau poster de Teddy Riner dans le club ». C’est un sport de partage, d’entraide et de respect.

« Notre objectif c’est d’avoir le plus longtemps les jeunes au club […] que dehors ». Il marque une pause. « On sait très bien comment ça peut se passer. Surtout à cet âge-là, certains peuvent dériver… ». Le regard de Roy se perd un instant puis il reprend. Le coach souhaite aider les enfants et les ados au-delà du judo. Il aimerait  proposer des heures de soutien scolaire et de l’aide la recherche de stage pour les plus grands. « Essayer de mobiliser le réseau du club ».

Quelques rires s’échappent du magasin. On y aperçoit l’un des jeunes avec un déguisement de super héros. « Ça fait plaisir à voir ! » lance Roy, enthousiaste.  Le temps passe mais il doit encore se charger de mener ce petit groupe à bon port. Il tâtonne dans ses poches et on entend un bruit de pièces. « De la petite monnaie, utile pour acheter ses tickets de transport à la machine. Chaque petite pièce compte ». Des piécettes, comme les petits pas des jeunes judokas. Chaque geste compte, si modeste soit-il. Mis ensemble, ils permettent de réaliser des grandes choses. Sur les tatamis comme en dehors. « On a tous été débutant, maintenant il faut guider les autres, partager ce que l’on a appris ».


Écrit par Mischaël Phémius

Illustration par Afroboyiv

Article extrait de la série de portraits sur le RER E

Le 6 décembre 2017, onze jeunes auteur.e.s sont partis à la rencontre de parfaits inconnus sur les quais et dans les rames du RER E. De ces rencontres, ils ont choisi de mettre en lumière une ou deux personnalités. Voici donc la première série d’articles du programme « Le Bruit de ma Ville » : des portraits d’usagers de la ligne nord du RER E.

Mischael Phémius

Montrer les émotions, les ambiances. Immortaliser un souvenir et le partager. Il y’a trop de mots pour exprimer un instant. Je préfère laisser s'exprimer l’image.

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Mischael Phémius

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