Catégories : Paye ta Ville

L’interview « Paye ta Ville » avec le label Renascence9293‎

Désigné par Trax comme LE  jeuneparisien à suivre, renascence9293 fêtera ses trois ans le 23 février à la Machine. À cette occasion, Julien et Elie, à la tête du label, parlent de leur fascination pour les constructions de Ricardo Boffil, de l’arc de triomphe remplacé par un énorme logement social avec des murs végétaux, de Rouen, Bouffay et l’île de Nantes. Mais surtout, de Gang of New York, Die Hard, Arme Fatale et Vicky, Cristina Barcelona…

Vous habitez dans quelle ville ? 

Elie : À Clichy.

Julien : À Nantes. Avant j’étais à Paris pendant plus de 4 ans.

Vous y êtes depuis combien de temps ?

E : Depuis 4 ans maintenant, avant j’habitais Rouen.

J : J’y suis depuis presque 5 mois maintenant, c’est assez peu.

Votre premier souvenir marquant dans votre ville ?

E : Je n’y habitais pas encore, j’étais plus jeune et je venais surtout pour les concerts. La première fois que je suis allée au Trianon, j’ai été éblouie. C’est très beau et ça reste une de mes salles préférées.

J : Je n’y habitais pas encore, mais beaucoup d’amis viennent d’ici. Le premier souvenir que j’en ai, c’est le quartier Bouffay, où on était allé boire des coups dès la sortie du train. C’est un quartier incontournable à Nantes, on y est resté jusqu’au soir en faisant un sacré barathon.

Est-ce que vous trouvez que cette ville a changé ?

E : Je n’y suis que depuis trop peu de temps pour constater un changement.  

J : Pour ce qui est de Nantes, je n’y suis que depuis très peu de temps. Je ne peux donc pas dire si elle a changé, en tout cas, pas depuis que j’y suis.

Par contre, pour ce qui est de Paris, j’ai clairement observé un perpétuel changement. Celui-ci se perçoit dans la dynamique des arrondissements et dans la façon de sortir. Beaucoup de clubs ouvrent et ferment leurs portes chaque année et beaucoup de lieux alternatifs explosent aux portes de Paris. C’est assez intéressant à voir.

Où est-ce que vous allez pour vous poser ?

E : Dans le 11ème, y’a vraiment beaucoup de restaurants et de caves à vins incroyables. À table avec tes amis, de la bonne bouffe et du bon vin : le bonheur.

J : À Nantes, entre le quartier Bouffay et l’île de Nantes. Cela dépend de ce que je veux faire. Je me pose davantage sur l’île en journée. L’ambiance y est complètement différente le soir. Mais il y a plein de quartiers à faire comme celui des Olivettes où il y a le LU. 

À Paris, je suis un grand fanatique du XIXe arrondissement où je passe le plus clair de mon temps.

La place du Bouffay à Nantes et son marché couvert avant octobre 2010.

La ville où vous aimeriez habiter ?

E : Tokyo. J’aurais aimé y habiter quelques temps, pour les gens et parce que c’est une ville vraiment inspirante.

Des bruits de la ville qui vous ont influencés dans vos productions ?

E : Le bruit non, les gens oui.

J : Dans mes productions non, car je ne produis pas. En revanche, des sons qui m’ont marqué, il y en a des centaines. Cela changeait en fonction de l’endroit où je dormais et les lieux où je sortais.

Mais le son du métro aérien des lignes 2 et 6 m’ont bercé, tout comme d’autres sons ambiants particuliers à Paris. Ce qui me restera le plus, c’est le calme absolu des rues parisiennes à cinq heures du matin.

Comment s’appellerait votre ville imaginaire et à quoi est-ce qu’elle ressemblerait ?

E : T’as déjà entendu parler du projet Vénus de Jacques Fresco ? Dans l’idée, c’est une ville écolo basée sur la science et la technologie aux services de tous, où les gens n’ont aucun travail à part celui de se concentrer sur ce qui les passionne. Ça l’air sympa.

J : Pour le nom, je ne sais pas. À quoi est-ce qu’elle ressemblerait : clairement à une ville imprégnée de beaucoup de nature ainsi que d’une manière écologique et indépendante de vivre.

On y cultiverait nos propres produits et on partagerait les ressources. Un peu utopique mais ce serait intéressant de consommer de manière respectueuse, sans gâchis, tout en s’adaptant aux saisons.

Votre ville cauchemar ?

E : Lille. J’y suis allée trois fois et il m’est arrivée que des emmerdes. Faudrait que j’y retourne peut-être pour changer d’avis.

J : Je crois que la ville qui m’a le plus crispé, c’est Marrakech. J’ai été oppressé pendant une semaine. Je sais que ce n’est pas ce que ressente beaucoup de gens, mais franchement, j’y ai passé des moments gênants.

Ce qui vous apaise en ville ?

E : Une fin de diner en terrasse l’été avec des amis.

J : Le calme de la ville qui s’éveille. Lorsque le jour se lève, que je marche dans les petites rues et que les commerces ouvrent doucement.

Ce qui vous énerve en ville ?

E : Les gens qui bousculent sans dire pardon.

J : Les gens qui se plaignent de vivre dans une ville où il y a trop de monde. Si ça te fait chier, pars.

Le lieu urbain où vous voudriez tourner un clip ?

E : Presque autour de tous les lieux que Ricardo Boffil a conçu.

J : Je pense que je ne peux que rejoindre Elie, Ricardo Bofil. C’est mon architecte préféré. Dans cette banlieue, j’y ai trouvé des merveilles en me baladant aux Arcades du Lac ou encore aux espaces d’Abraxas.

Il y a une énergie qui s’y dégage qui est incroyable.

Les Espaces Abraxas à Marne la Vallée par Ricardo Bofill © Site de Ricardo Bofill

La petite habitude que vous avez quand vous êtes dans votre ville ?

E : Prendre des taxis pour rentrer.

J : Marcher longtemps pour rentrer et me mettre en tête tous les raccourcis possibles.

Et dans une ville étrangère ?

E : Essayer de marcher un maximum et de découvrir le plus de choses.

J : La même chose.

Le type de personnes que vous aimez observer à une terrasse de café ?

E : Tout le monde, j’adore observer chaque personne et m’imaginer leurs vies, leurs comportements.

J : Les personnes qui veulent trop qu’on les observe justement. Qui regarde toujours autour d’eux pour voir si on les a remarqué. Cela me fait beaucoup rire.

Sinon, les personnes qui sont seulement deux et qui ne font que regarder leurs portables… ça me rend triste.

Plutôt multitude ou solitude ville ?

E : Avant j’étais très multitude, voire trop. Maintenant plus solitude. Ça permet d’avoir plus de temps pour ce qui te passionne.

J : Solitude ou à deux avec ma copine.

La ville où prendre sa retraite ?

E : Sûrement une des villes qui m’aura le plus conquis lorsque j’aurai vécu toute cette vie, mais ce sera un endroit où il y a des concerts cools dans des salles pas trop grandes et des bons restaus.

J : Pas une ville, mais plutôt la campagne, la mer, la Bretagne. Sûrement ce que je ferai.

Une ville ou un quartier où marcher la nuit ?

E : C’est peut-être cliché mais j’adorais marcher dans les rues de Williamsburg la nuit. J’en ai un excellent souvenir.

J : Pour le quartier, très clairement le 19ème, qui n’arrête pas de changer. Il y a pleins de parcs, des buttes cachées. Il y a un calme assez fou. Pour une ville, New York, sans hésitation.

Un film sur la ville ?

E : Je dois en oublier plein mais là ce qui me vient en tête c’est : Detroit de Kathryn Bigelow, We own the night de James Gray, Gangs of New York de Scorsese, Enter The void de Gaspar Noé… Mais il faut surtout regarder une série si on est dans le thème de la ville :  The Wire.

J : J’ai vu Detroit cette année, qui m’a marqué pour un bout de temps. Gangs of New York est un film passionnant. Mais sinon, tous les Die Hard, et Arme Fatale, qui sont des films incroyables pour l’atmosphère qu’y peut s’en dégager dans la ville. Mais des dizaines de films m’ont marqué à échelles différentes comme Vicky, Cristina Barcelona par exemple.

Votre ville rêvée pour jouer un concert ?

E : Paris, au Trianon.

J : Si j’étais un musicien, clairement à Paris. Au Bataclan ou au Trianon.

Votre endroit dans le monde préféré pour voir un live de musique ?

E : Les festivals, qu’ils soient à petite taille ou non. J’aime beaucoup l’ambiance générale qui s’en dégage.

J : Cela dépend de ce qu’on va voir. Mais la nature et l’extérieur me paraissent clairement plus intéressants pour la plupart des lives.

La ville que vous préférez pour acheter des records ?

E : Franchement j’ai pas d’endroit préféré, c’est intéressant de piocher un peu partout justement.

J : Paris est la ville où j’en ai acheté le plus. Mais j’aimerais énormément faire un tour à Tokyo pour ça car c’est la ville qui possède le plus de disquaires au monde.

Si vous deviez remplacer L’arc de Triomphe par autre chose ce serait quoi ?

E : Un énorme logement social avec que des murs végétaux.

J :  Sûrement rien. Je l’enlèverais et mettrais une place artistique où les artistes poseraient et vendraient ce qu’ils veulent. Cela ferait tâche par rapport au quartier de bourgeois à côté. Cela me ferait rire.

Une question que vous auriez aimé qu’on vous pose au sujet de la ville ?

E : Qui sont tes artistes parisiens préférés, les personnes qui t’inspirent ?

J : Qu’est ce qu’il s’y passe du point de vue artistique et comment tu m’y vois dans 5 ans ?

© Renascence9293


Propos recueillis par RM
Photo de couverture : EFA 

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RM

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