À Gagny (93), des entraineurs éducateurs font la réussite du club de foot local

A priori rien ne destinait Gagny, petite ville du 93 à accéder à la 68ème de finale de la coupe Gambardella, l’équivalent de la Coupe de France des U19 (under 19). Rencontre avec l’entraîneur de l’équipe, Benoît.

Avec beaucoup d’humilité, Benoit nous explique que les exploits des U19 qu’il entraîne reposent d’abord sur le travail de ses prédécesseurs et sur l’ensemble de l’encadrement. Mais surtout, que si le travail à l’entrainement est une nécessité, les valeurs qu’il essaie de transmettre participent au succès de l’USMG (Union Sportive Municipale de Gagny).   

La cité du « Chenay » et  le stade Jean Bouin

Pour aller à la rencontre de Benoit, il faut traverser la cité HLM du Chenay. Depuis la gare « Chenay Gagny », il faut prendre la première à gauche, dépasser le centre Jacques Prévert, faire un petit bout de chemin et enfin parvenir devant le majestueux stade Jean Bouin. Celui-ci est entouré de sa cour : un bâtiment de la cité, le Franprix et une colonne de cheminée d’où s’échappent les vapeurs du fioul qui chauffe la cité, et bien sûr les annexes du stade.

Le stade Jean Bouin à Gagny et ses alentours © RM

L’entrée du Stade Jean Bouin à Gagny © RM

Le terrain du Stade Jean Bouin où s’entraîne l’USMG © RM

C’est d’ailleurs dans l’une d’entre elles que se déroule l’entraînement des -18 ans, la catégorie toujours en course en Gambardella. Une fois que l’entraînement a débuté, le portail est fermé et il faut alors le contourner par une piste cachée pour voir le groupe.

À mesure que j’avance sur mon chemin, de puissants projecteurs éclairent mes pas. En progressant,  je distingue mieux les coups de pied dans le ballon du vent. Par ce soir d’hiver pluvieux, ils sonnent comme une bonne gifle sur une joue mouillée. 

Les corps transpirent l’effort et des vapeurs s’échappent de la tête de certains joueurs – comme des supers sayans. Il faut dire, que l’ambiance est si studieuse que je n’ose pas déranger. J’attendrai le match de la fin d’entrainement pour voir approcher Benoit. Notre entretien peut alors débuter.

Le succès du club, un travail d’équipe

Benoit à l’entrainement dans une annexe du stade Jean Bouin © RM

Après quelques échanges de courtoisie, on embraye très vite sur notre sujet : le succès du club. Benoit me raconte que cela fait bientôt 7 ans qu’il est entraîneur au club. Mais également que, comme la plupart des entraîneurs du club, il a grandi à Gagny : « Ça anime une plus grande ferveur » selon lui. « Le fait d’être d’ici rend les choses plus faciles. C’est même un avantage pour entraîner ici ». Cet ancrage n’est pas un obstacle au rayonnement du club, bien au contraire : « certains joueurs viennent parfois de Sarcelle ou même de Vincennes ».

Le fait d’être d’ici rend les choses plus facile. C’est même un avantage pour entraîner ici

Quand on aborde la réussite du club des -18, Benoît joue collectif. S’il connaît un bon parcours, c’est d’abord grâce au travail d’équipe et de longue haleine impulsé par l’actuel directeur sportif Ousmane Sow, un ancien collaborateur d’« un des meilleurs entraîneurs français », Christian Gourcuff. Si bien que : « l’an dernier quand je suis arrivé et me suis installé en tant qu’entraineur, j’arrivais limite sur un fauteuil quoi. Pas mal de taff avait déja été fait par mes prédécesseurs ». Le système Sow a accéléré la stabilisation et la structuration du club. Si bien que trois joueurs ont signé pour des clubs huppés. « C’est presque inespéré pour un niveau comme le nôtre. Nous sommes encore en départemental ! »

« L’entraîneur a un rôle d’éducateur » 

Le succès actuel de l’USM, pour la catégorie moins de 19 ans en particulier, tient des bons résultats du club : « Grâce à nos résultats notre nombre d’adhérents augmente. On a aussi eu des signatures pros. Ça aide. ».

Benoit ne se donne aucune excuse pour ne pas réussir avec le club. Je lui demande s’il pense disposer de tous les moyens pour atteindre les objectifs. À l’image des entraineurs professionnels, il sait déjà répondre tout en philosophie : «  le peu qu’on a c’est déjà énorme ». Avant d’ajouter : « ça peut arriver que certains se plaignent. Mais il y en a aussi d‘autres, comme un jeune joueur qui s’appelle Amara et vient du Mali, qui voient notre terrain et sont surpris ». Il prolonge : « je pars du principe qu’on a un terrain, quelques coupelles, deux trois ballons, et des supers joueurs. On bosse et ça donne les résultats qu’on est en train de faire cette année en Gambardella ».

Outre le travail,  les valeurs jouent un rôle important. « Je pense sincèrement que les jeunes qui veulent s’entraîner avec nous adhèrent à notre discours et notre travail ». Il dit vouloir transmettre à ses joueurs l’esprit de solidarité et d’entraide « J’ai envie de te dire qu’avant même d’être entraîneur, nous sommes des éducateurs. On doit essayer de faire comprendre qu’au-delà du football il y’a autre chose, faire passer des messages. C’est ce que je fais avec les petits que j’entraine ».

Benoit à l’entrainement dans une annexe du stade Jean Bouin © RM

« J’ai envie de te dire qu’avant même d’être entraîneur, nous sommes des éducateurs  »  

Avec tout cela, pas étonnant que l’USM Gagny continue de mobiliser. Les politiques s’y mettent. « Y’a du soutien, je reçois des félicitation sur Facebook, des personnes de la ville, des personnes de la mairie ». L’engouement pour le club va bien au-delà du petit cercle des footeux « Je peux te dire que ça suit hein, au-delà des footeux ça suit ! ». Preuve en est « L’an dernier on a joué un quart de final ici, un derby contre Neuilly-sur-Marne, avec peut-être 200 personnes autour de ce terrain synthétique ».


Photo de couverture : Franck Barache

RM

Le roi est mort, vive Bourdieu !

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