Faire vibrer Paris au son de sets de techno, de jour comme de nuit… C’est ce à quoi se consacre X PonK, producteur, DJ et cofondateur du label 90bis Records. Alors que son premier EP est sorti en 2017, X Ponk est aussi organisateur et résident des Raves Paris… Cette semaine, il répond aux questions du « Paye ta Ville ».
C’est quoi ta ville ? J’habite à Paris dans le 4ème. À Beaubourg si tu t’adresses à une blogueuse mode. Ou Châtelet-Les-Halles si tu t’adresses à un keupon.
T’y habites depuis combien de temps ? Ça fait 12 ans que je traîne dans ce quartier. Et je compte bien y rester. Mais non faudrait que je bouge quand même.
Ton premier souvenir marquant dans la ville où tu habites ? Quand j‘ai emménagé dans mon appart, au bout du 3ème mois, il y a eu un incendie dans mon immeuble. Évacuation. Je suis sorti avec mon portable, mon portefeuille et ma veste. J’ai tout laissé à l’intérieur. J’avais prévu une soirée avec plein de potes chez moi ce soir là. Résultat des courses : immeuble brûlé. Sauf au-dessous du 2ème étage. J’habite au 1er. Aucune victime. Happy end.
Est-ce que tu trouves que cette ville a changé ? Carrément. Plus de fêtes, plus de collectifs, plus de techno. La techno et la house (ce que j’écoute et ce que je joue) sont sortis des clubs. Pour arriver dans les warehouses et dans des lieux insolites (friche, pont, laverie, sous-sol…).
Où est-ce que tu vas pour te poser, être seul ? Au 90bis ! 90bis Records. C’est notre studio mais j’aime bien y être seul. C’est à dire sans Gérald, Jordan ou Baptiste. Sans qui 90bis Records n’existerait pas. J’avoue que j’aime bien être avec eux aussi. Mais seul je peux faire du son. Mixer, manger, dormir. Et d’autres choses un peu inavouables. C’est au fond d’une cour. C’est très calme. On a pas l’impression d’être à Paris. C’est reposant. Et puis quand je sors c’est le chaos. J’aime bien aussi.
La ville où tu es né ? Je suis né à Pontoise. Dans le 9-5. Mais aucun souvenir. J’y suis resté jusqu’à l’âge de 2 ans. J’en garde un souvenir, grâce à un film tourné en super 8 par mes parents. Je faisais la cour à ma voisine de 3 ans. Sur son tricycle en forme de basket bleue.
Qu’est-ce qui te dérange dans la ville où tu vis ? Je regrette qu’il n’y ait pas plus de musique dans cette ville. En extérieur. Plus de Sound System. À chaque coin de rue. Pas uniquement techno d’ailleurs. Il faut que les gens lâchent prise. Qu’ils dansent, qu’ils crient, qu’ils s’amusent. Qu’ils s’embrassent, qu’ils rigolent. Mon plus beau souvenir c’est quand on a posé notre son sur l’Île aux Cygnes (au pied de la petite statue de la liberté) en juin l’année dernière. Puis on a continué sur un pont de Paris toute la nuit. Ce sont nos fêtes : les « Raves Paris ». On a mixé 5 heures dans chacun des lieux. En mode sauvage. 3 jours avant la Fête de la musique. Personne n’y croyait. J’ai donc un seul message : tout est possible. Je pense qu’il faut se réapproprier la ville comme le fait le Street Art. Que ce soit pour la musique ou toute autre forme d’art. Ou n’importe quel concept ou projet d’ailleurs. Voilà. Je propose que tout le monde descende dans les rues de Paris. Pour proposer des idées folles et improbables !
X PONK – Beaubourg © 90bis Records
Une expression de ta ville que tu aimes bien ? Qui aime bien sa ville châtie bien sa ville.
La ville où t’aimerais habiter et pourquoi ? Une ville qui commence par un B. Berlin, Barcelone ou Bogota. Je sais pas moi. B comme beat. Boire, balançoire. Bouger, baisé, brut, bulle, brique. Mais je kiffe trop Baris.
Ta ville idéale ? Une ville sans véhicules à moteur. Comme sur les Îles Gili à coté de Bali. Tu te balades à pied. A vélo, en skate. Les taxis, des petites calèches. T’imagines Paris. Le calme absolu. Trop calme. Il faut donc des Sound System partout. On y est.
Ta ville cauchemar ? Dans quelques années. Quand les villes seront devenues irrespirables. On devra tous s’équiper. Les pauvres avec des écharpes Monoprix. Les riches avec des masques à gaz Louis Vuitton. Ils nous vendront des petites bouteilles d’oxygènes. A coté du rayon eau minérale.
Ce qui t’apaise en ville ? Marcher, marcher, marcher.
Ce qui t’énerve en ville ? Les gens qui marchent lentement. Oui je marche vite. Ça m’apaise.
Ville de jour ou ville de nuit ? Ville de jour-nuit. Never stop. 24/24. La vie, la vraie. La nuit, la vraie. Insomnie. Hypersomnie.
Plutôt multitude ou solitude ville ? Une multitude de villes dans la ville et une solitude sociale et maîtrisée.
La petite habitude que tu as quand tu es dans ta ville ? C’est quoi le contraire d’une habitude ? Une inhabitude ? Une impro ? Une pleine conscience ? Présent.
Et dans une ville étrangère ? Là on a le droit d’avoir des habitudes. Je teste le meilleur club. Oui je le trouve direct.
Le type de personnes que tu aimes observer à une terrasse de café ? Oh oui c’est très bon ça. Alors quand je marche du coup. Je ne suis pas trop terrasse. Trop statique. Faut que je bouge. J’observe tous ceux que je croise. Je me fais des paris sur ce qu’ils font dans Paris. Je fais des pronostics sur le prénom, le métier, leurs hobbies, leurs vices… Mais je n’ai jamais les réponses. C’est dommage. J’aimerais leur demander de temps en temps. Pour savoir si je tombe juste.
La ville ou le quartier où marcher la nuit ? Sur les quais de Seine. De jour. Comme de nuit d’ailleurs. C’est beau. C’est flippant. C’est cool. C’est sexy. Il FAUT marcher sur les quais. D’ouest en est. Et vice versa. Chanmé.
Une musique sur la ville ? Y’en a plein, y’en a trop. À part la mienne, je ne vois pas. Ca va on peut rigoler. Donc oui la track Aaaaaaafter que j’ai sortie sur le label 90bis Records (dont je suis le co-fondateur)… un peu de promo comme ça, ni vu ni connu. Mon 1er EP. Et le dernier. Mais je compte bien en faire d’autres. On pourra couper ça au montage si vous voulez.
Un film sur la ville ? The Square. Film suédois. Dernière Palme d’Or. Un petit bijou. La ville suédoise.
Une peinture ou une photographie de la ville ? Une peinture noire de Pierre Soulages. Le noir peut être joyeux.
Ta balade urbaine préférée ? La petite ceinture. Sans hésiter. Prenez l’entrée située à côté de l’ancien club La Flèche d’Or. Dans le 20ème. Ou allez vers le Parc Montsouris. Puis foncez dans les tunnels très sombres. Penser à ramener une lampe. Et ressortez…
Si tu devais améliorer quelque chose dans la ville dans laquelle tu vis, ça serait quoi ? La décoration. La circulation. La symbiose de la population. Mais bon ça va on n’est pas à plaindre.
Une question que tu aurais aimé qu’on te pose au sujet de la ville ? « Quel est ton lieu souterrain préféré ? ». Mais heureusement que vous l’avez pas posé, parce que je n’ai pas encore la réponse.
Propos recueillis par Marie Piédeloup.
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