Paris 18ème | L’interview « Paye ta Ville » avec Apek Walsh

#Paris18 Cette semaine, c’est le rappeur Apek Walsh qui se Paye sa Ville, et surtout son 18ème arrondissement. Plus à l’aise dans les recoins sombres de la Ville Lumière que sous les feux des projecteurs, pour Noise il se dévoile, ou plutôt se décapuche et en profite pour nous présenter en exclusivité le clip de Patriam, du latin « terre natale », qui parle justement du Grand Nord parisien, ça tombe bien ou bien ?

Wesh Apek ! T’as grandi où ? J’ai grandi dans le 18ème.

T’as vécu où ? Dans le Nord de Paris. J’ai habité différents endroits du 18.

Un souvenir marquant dans ta ville ? Quand j’ai entendu des rappeurs de mon arrondissement dans des freestyles de rap de Nova. Ça a mis des mots sur des endroits que je fréquentais : boulevard Barbès, Place de Clichy, Montmartre… à travers les sons que j’écoutais, la Scred Connexion, Flynt, 75018 Beatstreet… Ce qui m’a marqué dans ma ville c’est de l’entendre dans les sons que j’écoutais.

Traîner avec des graffeurs, depuis la fin du collège, ça m’a permis de m’approprier le quartier. Et de manière générale quand tu peux pas te poser chez toi, tu te poses dehors donc au final ta socialisation se fait plus dehors que dedans. C’est plus les relations que j’ai eu dans les rues de ma ville qui m’ont marqué.

Est-ce que tu trouves que cette ville a changé ? Ouais. Ça a changé oui. Moi j’ai habité au pied de la Butte Montmartre, derrière là, quartier “Grande Carrières”. Mes parents y sont encore. Ça a toujours été un quartier plutôt mixte, pas extrêmement populaire mais mixte. Et maintenant c’est franchement bobo… Y’a vraiment des frontières maintenant dans le 18, genre entre Jules Joffrin et Marcadet, et Simplon aussi de l’autre côté… Bref, la ville est de plus en plus faite pour les riches et ça se sent. Comme partout.

Où est-ce que tu vas pour te poser ? Les restos huppés, en début de mois (rires). Nan j’déconne, chez moi c’est plutôt grec en début de mois et pâtes à la fin… Ca dépend d’avec qui je suis, mais de manière générale, dans le quartier, dehors. Pour paraphraser La Rumeur : « J’ai traîné mon cul dans chaque recoin, chaque rue. » (Champs de Canne à Paname)

Une expression de ta ville que tu aimes bien ? J’aime bien entendre les expressions qui évoquent mon quartier « Le 1 suivi du 8 », « Deux mille dix huit et ainsi de suite », … Après le patois d’ici j’le connais pas vu que je le parle, je sais pas ce que c’est le « parler Parisien ». J’parle.

« 1 suivi de 8 », extrait du clip « Comme un Froid » d’Apek Walsh

La ville où t’aimerais habiter ? L’endroit où j’suis c’est toujours le bon.

Des bruits de la ville qui t’ont influencé dans tes productions ? Dans mes prods, nan, mais dans mes écoutes oui. Tu me dis « bruit de ma ville », j’pense au métro. Le bruit du métro, j’sais pas. Pour moi c’est ça le bruit de ma ville. Et le bruit de ma ville c’est aussi la musique qui parle de ma ville. Les sons qui parlent du 18ème. Du coup, Flynt, J’éclaire ma ville, qui commence par un bruit de métro de la ligne 2. Ça c’est le bruit de ma ville.

Comment s’appellerait ta ville imaginaire et à quoi est-ce qu’elle ressemblerait ? Est-ce que c’est normal que je mette du temps à trouver ? Parce qu’on est une génération de désillusionnés. J’ai pas d’idée.

Ta ville cauchemar ? Disneyland. C’est flippant ça. Un Disneyland avec un maire Mickey FN. (rires) Nan mais sérieusement, cauchemardesque c’est pas par rapport à la ville, c’est par rapport à ce que t’y vis en fait. Si tu vis un truc cheum, n’importe où dans le monde, la plus belle ville va devenir cauchemardesque pour toi.

Ta ville idéale ? Une ville que tout le monde peut s’approprier et dans laquelle tout le monde se sent à l’aise. Big up à Miss France.

Ce qui t’apaise en ville ? Le fait d’être anonyme.

Pourquoi ? T’es keuf ou quoi ?

Ce qui t’énerve en ville ? Le fait d’être anonyme, aussi. Par moment. Le fait qu’on le soit tous en fait. Moi j’aime bien l’être mais pas qu’on le soit tous les uns par rapport aux autres.

Ville de jour ou ville de nuit ? Ville de nuit. Ville de graffeurs. Ville de souilleurs. Ville d’anonymes.

Le lieu urbain où tu voudrais tourner un clip ? Pour les clips j’ai une idée en fonction de l’ambiance du son. J’ai pas d’idée en amont. Du coup je réfléchis avec Ptit Burr, mon pote avec qui j’fais des clips, et on cherche des lieux ensemble. En général j’aime les lieux un peu sombres, mais genre je trouve ça chiant de faire de l’esthétique pour de l’esthétique, genre les cartes postales. Du coup nan, j’ai pas de lieu où je veux tourner.

La petite habitude que tu as quand tu es dans ta ville ? J’ai envie de te dire, la vie c’est que des habitudes. J’peux pas en isoler une d’une autre. Une habitude c’est la suite d’une autre habitude, la vie n’est faite que d’habitudes. Ma vie dans ma ville c’est mon habitude.

Et dans une ville étrangère ? J’regarde un plan. Comme tout le monde. Ou un GPS. (rires) Nan mais en vrai j’voyage pas beaucoup.

Le type de personnes que tu aimes observer à une terrasse de café ? J’regarde pas les gens en terrasse. Sauf les fumeurs quand je cherche une clope à gratter.

Une musique sur la ville ? Nuit Blanche, d’Octobre Rouge. À la fin c’est trop bien là… « Guy Moquet, tatata ! ». Hugo TSR, Fenêtre sur Rue. Et Là haut aussi de lui.

J’aime bien aussi La Belle Endormie, de Fayçal. Et aussi celle du rappeur Scarface, On my block.

Un film sur la ville ? J’sais pas, le premier truc qui me vient en tête c’est Futurama, le dessin animé. Et puis mon clip ci-dessous 😉 haha

Ta ville rêvée pour jouer un concert ? Celle où on m’invite.

La ville que tu préfères pour acheter des records ? Moi je suis plutôt YouTube city. Et le piratage. Et un billet pour les artistes qui me tiennent à cœur, à leur concert. Comme tout le monde.

Si tu devais remplacer un monument de ton choix par quelque chose ce serait par quoi ? N’importe quel monument par des logements sociaux. À part, le Sacré-Cœur, même si…les raisons pour lesquelles il a été construit… tu vois…


Propos recueillis par Orion 

Lis les derniers « Paye ta Ville » avec Marina Wilson et  EFA – Escape From Acapulco

Orion

En attendant impatiemment l'invention de la machine à voyager dans le temps pour pouvoir enfin s'installer dans le Rotterdam des années 90 (d'où elle est convaincue de venir), Orion promène ses baskets dans le Quatre-Vingt-Zetré qui l'a adoptée, et ose parfois partir à la rencontre de l'exotisme et de grands frissons en franchissant le périph' (mais jamais la Seine, à cause des crocodiles).

Share
Publié par
Orion

Recent Posts

Nellyah révèle les talents cachés d’Aulnay

Rencontrée aux abords du quai de la ligne B « Saint Michel » en fond…

5 ans ago

Au Bourget, une étudiante qui tient à ses rêves

Laavanya, 18 ans habitante du Bourget vient d'obtenir son bac scientifique. Suite à la plateforme…

5 ans ago

Tarek, le boulanger à l’écoute de ses clients

C’est samedi, il est presque 10 heures, et la pluie et le vent sont au…

5 ans ago

Noureddine, éducateur au grand cœur

Portrait de Noureddine 56 ans, responsable du service jeunesse de la ville du Bourget. Plus…

5 ans ago

Magali : documentaliste au Bourget, habitante dans l’Oise

Après avoir vécu neuf ans au Bourget, Magali, 37 ans, a choisi de déménager dans l’Oise…

5 ans ago

Karim, le restaurateur qui est toujours là

Karim, 34 ans, est le gérant de l’Entracte, un restaurant bar qu’il a ouvert en…

6 ans ago