PTV de l’autre côté de l’équateur cette semaine avec Purity Zinhle Mkhize, chanteuse sud-africaine. Après des expériences en groupe aux couleurs ska ou « horror-funk », ses premiers pas solo sous le pseudonyme PURE racontent son désir d’affronter ses peurs et de retrouver la paix intérieure…
« I can go solo, I can be a mother, I can be this singular expressive being I’ve always been afraid of being, you know? So now, all at once, I’m starting to make peace with self, and it’s been good ».
Hey Purity, t’habites où ? Je vis actuellement à Muizenberg, Cape Town, Afrique du Sud, Afrique, planète Terre.
T’y es depuis combien de temps ? Je vis ici depuis 6 mois, avant j’étais dans le quartier Observatory qui est pas loin du centre et là c’est un peu plus à l’écart, disons 20 min en voiture. Sinon j’ai grandi à Durban.
Ton premier souvenir marquant dans ta ville ? La première fois où je me suis retrouvée ici à Cape Town c’était parce que j’avais un concert avec mon groupe. On avait un show en ville et je me souviens que juste avant qu’on rentre sur scène je regardais les gens dans la salle et j’étais fascinée de voir cette foule métissée. J’avais entendu dire que Cape Town était une ville un peu trop blanche pour une ville sud-africaine, et en fait mon premier souvenir de cette ville c’est ça : cette nuit où on a joué devant une belle foule métissée et multi-culturelle. C’était mon premier ressenti de la ville et je me suis dit wow… J’étais vraiment fascinée et c’est ce qui m’a motivée à déménager à Cape Town.
Tu retrouvais pas ça à Durban ? Durban est une ville complètement différente, un peu tropicale et tout. On y trouve de la diversité, notamment une solide communauté indienne. La scène musicale est sympa mais pas comme à Cape Town. Les arts n’y sont pas encouragés. L’environnement ne permet pas d’être créatif et d’en vivre. Fallait que je bouge de là. Avec Joburg (ndlr : le surnom de Johannesbourg) c’est les trois villes principales d’Afrique du Sud. Pour résumer, sur les trois, Durban est une petite ville en terme de scène artistique et musicale. C’est à Cape Town que les trucs se passent. Joburg est un peu au milieu.
Est-ce que tu trouves que cette ville a changé ? Est-ce que Cape Town a changé depuis mon arrivée ? Duh ! (Rires) Faut comprendre mon état d’esprit de l’époque. J’arrivais de Durban, j’étais complètement béate devant Cape Town. Mais en vivant ici tu commences à voir apparaître des fissures sur le tableau. J’ai fini par connaître la ville par coeur et réaliser que c’est définitivement pas aussi « cool » que j’imaginais. La ville a changé mais surtout mon regard sur elle en fait.
Où est-ce que tu vas pour te poser ? J’ai quelques spots pour chiller, j’adore aller à Newlands Forest. C’est l’avantage avec Cape Town c’est que tu as des coins de nature incroyables au milieu de la civilisation, et tu peux y aller pour te ressourcer. Concrètement la montagne est au milieu de la ville, c’est assez dingue. Newlands en particulier c’est une forêt trop belle. Quand tu y es, tu as l’impression d’être au milieu de nulle part, tu n’entends plus la circulation alors que tu es juste à côté. Sinon y’a la plage partout, même des petites plages cachées… C’est mes aventures du week end. 🙂
Une expression de ta ville que tu aimes bien ? Mon expression préférée c’est « yabra » ! Ca veut dire en gros « ouais mec » ou « salut mec », ça vient de Durban. Quand j’entends ça je suis refaite. (ndlr : il faut légèrement rouler le R)
La ville où t’aimerais habiter ? Pourquoi pas Berlin. Tous mes potes musiciens qui y sont passés m’en disent du bien. Il faut que j’y aille un jour, que ce soit pour y vivre, pour un week-end ou juste un concert… En même temps pour moi c’est l’Europe, mettre les pieds là bas c’est déjà changer complètement de perspective. Je suis très peu sortie d’Afrique du Sud.
Des bruits de la ville qui t’ont influencée dans tes productions ? J’ai acheté récemment un micro pour essayer d’intégrer des sons naturels à ma musique. J’ai enregistré des sons de trains que j’ai samplé dans une de mes chansons. Ça marche super bien. Par contre je me suis rendue compte que ça me saoulait de l’écouter parce que ça me rappelle quand j’habitais près des rails à Observatory. C’était l’enfer (rires). Sinon j’ai utilisé des sons de nature pour une intro dans une chanson plus douce.
Ta ville cauchemar ? Ma ville cauchemar c’est Joburg. Je sais que c’est pas une ville pour moi. Déjà je suis une fille de la côte et à Joburg ya pas l’océan. Pas de nature non plus, c’est que des tours et du béton. Et ça va à 200 à l’heure, c’est tout pour l’argent…
Et ta ville rêvée ? Ma ville de rêve serait autosuffisante ou presque. Elle ne serait pas trop moderne, et les gens seraient pas trop intéressés par l’argent. Parce que l’argent ségrègue les gens, c’est un facteur d’inégalités sociales. Il y aurait peut être une monnaie mais les gens feraient plus d’échanges. Evidemment il y aurait beaucoup de nature, de la mixité, tous les trucs stylés quoi. Tout le monde serait heureux, bienveillant et à l’écoute. On aurait pas de leaders, ce serait géré par les gens.
Le lieu urbain où tu voudrais tourner un clip ? Pour un clip, j’irais au taxi rank. Sans hésiter. C’est une sorte de parking à ciel ouvert qui est au dessus de la grosse station de trains du centre ville. Ça sert de plateforme de terminus pour les taxis partagés. Il y a des gens improbables partout qui vont dans tous les sens, y’a des petites échoppes improvisées qui vendent de la bouffe, des contrefaçons et des perruques. Les chauffeurs de taxis qui interpellent tout le monde pour remplir leur minivan qui joue de la musique à fond… C’est vibrant !
La petite habitude que tu as quand tu es dans ta ville ? Ok, ça va paraitre idiot, mais j’aime bien faire un petit effort supplémentaire sur mon look quand je vais dans le centre ville (rires). Partout ailleurs je m’en fous, mais le centre ville c’est un peu comme être sur scène. Cape Town c’est l’endroit ou tu dois faire un statement. En ce moment j’ai des cheveux roses par exemple, mais ça commence à partir… je vais devoir m’en occuper.
Le lieu que tu préfères pour acheter des sons ? Mabu Vinyls ! C’est un petit magasin de vinyles génial avec plein de trucs farfelus. C’est en plein centre de Cape Town et le lieu est connu mondialement parce que le gars qui tient le magasin a fait le documentaire sur Sugarman.
Ta ville rêvée pour jouer un concert ? Je veux jouer partout dans le monde, en Europe, à New York partout…
Propos recueillis par David Attié
Crédit photo de couverture : Nick Gordon
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