Je marche, je marche… ils marchent pour que justice soit faite et que leurs coeurs soient moins lourds,
Unifiés comme une clique, une famille, des amis, des gens bien ; j’immortalise la résurrection d’une affaire enterrée, crampe à l’index. Je clique.
Stigmatisation, violence, délit de faciès. Le cliché des banlieues dans l’œil de mon Panasonic.
Tout va bien jusqu’ici mise à part du sang et des larmes sur l’uniforme de gens d’armes…
Injustices émanant des forces de l’ordre qui font crier l’homme dans les rues. C’est l’émotion qui monte, monte, monte…
C‘est le bruit de la ville permettant à un aveugle de suivre le pas et aux différentes couleurs de peau de se mélanger afin de faire un magnifique tableau sur pattes, la toile doit être belle vue de la haut.
Et tu sais leurs oreilles n’entendent aucun son même celui d’un gars plaqué contre le sol avec sur lui des hommes. La société se met un voile et nos voix sont muettes comme un cri au fond d’la mer.
Personne dans les rues sinon des marcheurs, qui ne rêvent plus sauf pour voir la vérité et la France se réveiller.
On est enfermés dehors comme dit Said dans la Haine. L’état nous ghettoïse entre nous. J’me dis que c’est eux les lions et que c’est nous les gnous.
Usurpation d’identité, c’est eux les victimes et les morts sont coupables qu’au moindre débordement les coups partent,
Rage jusqu’au lendemain ; le combat est long de Beaumont à Rome.
Assa lionne, montrant les crocs pour sa meute et toute l’humanité dans sa tombe. Rosa Parks crie « Je suis Adama »
Demande à Zyed si Bouna va bien, j’espère qu’il n’est pas trop déçu, j’aimerais lui dire « la vie est triste ici parfois tu sais ».
Atrocité des cités dans leurs yeux, la rue a fait l’appel mais il manque des noms. Alors j’regarde au ciel, j’suis tête en l’air. J’me dis que j’vais les revoir, je garde espoir. Alors, j’suis l’espoir personnifié.
Même quand un policier te met une matraque dans les fesses et te dit… j’ai pas fait exprès, allez leur dire qu’on vit ensemble qu’importe ta religion, qu’on s’entend bien dans la cité entre noirs et blancs comme le piano…
A la fin du film, j’aimerais dire : jusqu’ici tout va mieux. Jusqu’ici tout va mieux… jusqu’ici tout va mieux.
Marche en mémoire d’Adama Traoré, à Beaumont-sur-Oise, le 22 juillet.
Texte et photos : Nicolas Sene
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