Au coeur de Montreuil, l’Atelier Commode se devine derrière de grandes verrières à travers lesquelles transparaît une lumière chaleureuse. À l’intérieur, des centaines d’objets vous attendent ainsi qu’une talentueuse équipe d’amis artisans que nous avons rencontrés afin d’en savoir plus sur l’installation de leur espace de création à Montreuil.
Un atelier aux airs de cabinet de curiosités
L’atelier Commode à Montreuil est un lieu où mille détails attirent le regard. Un rhum arrangé attend dans une bouteille de cristal, une cabine de téléski miniature est accrochée à un fil tendu tandis que deux jambes de mannequin sont posées à l’envers. Sur un tissu on lit en écritures bleues : « All children to be off the dance floor by 9.30pm », by order of Committee. Sans oublier : une affiche du film Le Roi et l’Oiseau, un vieux ventilateur aux hélices bleues pastel, un tourne-disque posé à la verticale, des plantes de types variés – vertes pour la plupart cependant – et un petit train avec son circuit de rails datant de l’époque de nos arrières grands-parents. Enfin, il reste sans doute à mentionner qu’un tapis différent a été installé sous chaque bureau.
D’un atelier de maquettes à l’Atelier Commode
Nicolas, Ugo et Jean-Simon ont tous les trois étudié à l’EPSAA, une école de graphisme à Ivry. Depuis longtemps, ils parlaient de partager leur espace de travail. Pourtant, c’est seulement il y a quelques mois qu’ils se sont décidés à investir le 9 rue Francisco Ferrer. Avant de devenir Commode, c’était un atelier de maquettes d’architecture où l’on faisait du prototypage. Quand ils sont arrivés là, tout était vide : l’espace était blanc et nu. Depuis mobiliers, babioles, antiquités, bibelots et tableaux en tous genres sont venus le colorer, au gré des rencontres. Au trio d’origine se sont ajoutés Lysandre Graebling de Tohu Bohu, un bureau de dessin textile, Benoît Guigal et Victorien Tardif qui travaillent avec Nicolas Rouyer sur le projet Figure et le jeune créateur Victor Desfonds qui monte Gallic, une boîte de chaussures faites à la main.
Un petit train et puis s’en va : les jouets de Jean-Simon Roch
Jean-Simon occupe le bureau du fond. Il est designer. Nous nous installons avec lui sur la grande table en bois sombre qui trône au centre de l’atelier, entourée de canapés trouvés au hasard des rues. Sa passion à lui, ce sont les jouets : les vieux jouets d’abord, comme ce petit train posé près de son bureau, mais aussi tous ceux qu’il reste à inventer. Il a par exemple créé un jouet (inspiré de l’histoire de la vibration étudiée durant son diplôme) qui permet de donner vie à de petits objets inanimés tels que des boutons, des confettis ou des petits bouts de papiers… Le jouet a depuis été présenté au Centre Pompidou auprès d’enfants âgés de 2 à 5 ans et de 6 à 10 ans : ceux-ci pouvaient fabriquer leurs propres petits personnages puis imaginer leurs histoires.
Jean-Simon anime désormais un atelier dans une maternelle de la Goutte d’Or dans le cadre d’un partenariat avec la Maison du Geste et de l’Image de Châtelet. « L’idée c’est de laisser le jeu en résidence dans la classe. Les gosses pourront ramener chaque matin un objet de chez eux : une pâte par exemple ou un autre truc de leur cuisine. À partir de là ils pourront tester des choses, monter des histoires… moi je les accompagnerai pour qu’à la fin on monte un film avec les petites saynètes qu’ils auront imaginées. »
En attendant, devant nous, posé sur une feuille de papier, un oeil tourne sur le petit piédestal d’un bilboquet tandis que des petites boulles de couleurs s’agitent sur le papier animé. C’est ainsi que naissent les histoires faites de petits bouts de tout trouvés au détour d’une poche.
Dessine moi un carré : les mondes merveilleux d’Ugo Gattoni
À un autre bureau se trouve Ugo. Travaillant souvent seul, c’est un acharné du dessin qui peut passer de longues heures à peaufiner un petit détail. Sur ses planches prennent vie des univers merveilleux sur lesquels le regard se perd pour laisser l’imagination s’envoler. Labyrinthiques et fabuleux, ses travaux ont été repérés par la maison Hermès. Il travaille d’ailleurs en ce moment sur un carré : on peut déjà y admirer un délicat papillon noir aux ailes de géant, des poissons volants venus de Chine ou encore la représentation 2D de la cabine photographique inventée par ses collègues d’atelier.
Songe d’une nuit d’été, The World of Hermès, magazine, 90 x 60 cm, SS2017
Un photomaton c’est bien commode figure-toi
Et puis il y a Figure, ce grand catalogue de visages en noir et blanc à effeuiller en ligne. Vous avez peut-être déjà dû apercevoir l’une de leurs cabines photographiques en bois clair : il y a en par exemple une au Pop-Up du Label, une salle de concerts proche de Bastille. Alors que nous discutions, les pièces d’une nouvelle boîte étaient assemblées avant de se faire embarquer vers les 500 ans du Havre. Et puis quand on a fini de discuter, tout le monde est entré, un objet à la main, dans la cabine permanente de l’Atelier.
Les portes ouvertes, c’est pour bientôt !
Vous vous demandez certainement si vous aurez vous aussi la chance de découvrir cet espace cosy. Ça tombe bien, les gars de Commode aimeraient bien organiser des portes ouvertes ! Jean-Simon aimerait par exemple reproduire les ateliers qu’il fait dans les musées et y inviter les gens du quartier. « On pensait aussi faire un atelier de poterie dans la rue et proposer au public de venir produire avec nous. » D’ici là, une partie de l’atelier devrait avoir été libéré pour en faire un espace polyvalent ouvert aux shootings photos et aux artistes de passage.