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Association Poussières – Lumière sur Auber’

A chaque début d’automne, Aubervilliers est témoin d’un événement faisant de plus en plus d’adeptes. De 250 personnes pour la première édition en 2012, à plus de 1000 attendues ce samedi 8 Octobre 2016, « Lanternes, lumière sur la ville », orchestré par l’association Les Poussières, propose une construction participative de lanternes et une déambulation nocturne dans l’espace public. Lumière.

« Au – ber – vi – lliers ! ». Prononcez-le : « Aubervilliers ! ». Franchement. Ça sonne bien. C’est mélodieux. Au coeur même du mot, l’odeur de la prose domine.

Pourtant, Aubervilliers n’a pas la rime facile. Carla (son prénom a été modifié), fonctionnaire depuis 4 ans dans l’ancienne ville ouvrière parle “ d’un cumul de problèmes sociaux ”. Elle avoue que “ par manque de culture, une grande partie des habitants sont démunis ”, ajoutant que “ le communautarisme présent dans la ville, lié majoritairement à la barrière de la langue, pose les bases des difficultés du bon vivre ensemble ”. Mais dans ce mic-mac, Carla garde espoir, car elle admet que “ les services sociaux continuent leur travail remarquable ” et que “ la commune connaît une grande force associative et de belles initiatives ”.
Résultat : une vingtaine d’associations et une dizaine de projets solidaires chaque année. Parmi ces derniers, « Lanternes, lumières sur la ville » initié et assuré par Les Poussières. Cette association, installée depuis 2006 dans un ancien théâtre de la ville jusque-là inoccupé depuis plus de 30 ans, s’investit dans la jeune création, le monde associatif et la culture solidaire. Comme l’exprime Elsa, responsable du projet et membre actif de l’association, « notre raison d’être passe par la création d’événements réunissant des personnes qui ne se seraient jamais rencontrées autrement ». Car oui, Les Poussières c’est ça, encourager l’entrecroisement de personnes de milieux, de cultures, d’âges et de quartiers différents ; avec une conviction : les projets, dont la création et l’aboutissement sont à l’origine de la mutualisation des savoirs, ont un effet socialement réparateur.

La ville se compose de plus ou moins neuf quartiers, certains plus communautaires que d’autres. C’est pourquoi, sur la base de leurs valeurs précédemment citées, Les Poussières ont décidé de mettre en place « Lanternes, lumière sur la ville ». Comme un symbole, l’idée est récupérée d’une initiative anglaise, qui a elle-même appris les gestes de fabrication auprès d’un collectif japonais. C’est fou, un projet qui se répand par son projet. Puisque l’objectif principal de cette action est de tisser du lien social en traversant les quartiers pour en briser les frontières.

Pour ce faire, c’est avant tout un marathon d’une demi-douzaine de mois, au cours duquel Elsa et son assistante, en service civique, courent (ou plus précisément, pédalent sur leurs beaux vélos) les autres associations, les maisons de jeunes, les centres sociaux, les foyers ou les « plein air », qu’ils soient au cœur des cités ou dans les petits jardins fleuris que compte la ville. Enfin, deux semaines avant le jour J, la galerie des lanternes devient un non-stop : des ateliers, encore des ateliers, de la joie, de la bonne humeur et du partage ! « Les temps d’ateliers sont aussi importants que la déambulation » confie Elsa. Paradoxalement, ou pas, c’est dans le travail de l’ombre préalable que les premiers rayons lumineux font leur apparition. Certains prennent conscience qu’ils savent faire quelque chose de leurs mains, et d’autres que la notion de collectif n’a pas la place qu’elle mérite dans leurs aspirations personnelles.

Grâce à la sincérité du projet, conçu par les habitants pour les habitants, la famille des lanternes ne cesse de s’agrandir. Après avoir rayonné sur l’ensemble de la ville depuis 2012, la parade nocturne annuelle se permet pour sa 5ème édition de cibler le quartier de La Villette / Quatre Chemins, et donc une partie de Pantin. Pour poser un autre regard sur la ville : plus sensible, plus pénétrant, les Albertivillariens et tous les curieux avoisinant se donnent rendez-vous le samedi 8 Octobre à 18h30 au Collège Jean Moulin pour la déambulation. Départ prévu à 19h30 pour ne laisser, dans les rues de la ville, ni rien ni personne dans l’ombre, afin qu’Aubervilliers retrouve un peu de sa poésie.  


Texte : Adrien Crispino

Photos : Lisa Ritaine

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