A deux pas de Bercy se dresse un grand arbre. A sa cime, après avoir grimpé de minuscules escaliers boisés en colimaçons, se cache un nid. C’est le repère de l’écureuil. Monsieur Wish, c’est une petite carrure et une grande vivacité. Pas de noisettes, mais des CD qu’il dévore volontiers dans sa hotte par temps pluvieux. Les lieux abritent également un chat avec qui la cohabitation semble paisible. Des guitares électriques et une trompette habillent les murs de ce nid douillet. Ce sont ses réserves pour l’hiver.
Retour sur une interview qui n’a rien eu d’un moment casse-noisette
Delmiran : « Monsieur Wish », ce nom est-il censé nous donner de l’espoir ?
Monsieur Wish : Bien vu mais mon blaze vient d’ailleurs ! Plus jeune, mes potes m’avaient donné un surnom, « Jewish ». Progressivement ça s’est transformé en « Dj wish » et j’ai finalement gardé « Monsieur Wish ». Mais je dois dire que ton interprétation est intéressante, à vrai dire je n’y avais pas vraiment pensé ! Il y a une volonté de donner de l’espoir aux gens, certes, mais avant tout de les détendre. Je crois que c’est mon but premier dans le son.
Pour décrire ton style, j’ai choisi le mot « smooth ». En quoi t’es d’accord avec ça et qu’est ce qui prouve aussi le contraire ?
Franchement ça colle bien dans le sens où la plupart des sons que j’ai sorti jusqu’ici sont dans cet esprit. Les instruments que j’utilise, je fais en sorte de les faire sonner « doux ». Et puis ça va avec mon caractère, je suis un mec calme. Ça se saurait si j’étais un surexcité ! (rires) La « smoothitude » s’atténue quand je fais poser des rappeurs sur mes prods. Tiens, prends « Vénus » par exemple. C’est un son sur lequel La Drasqua (rappeurs du XIIe arrondissement) et Katresang (rappeur d’Issy-les-Moulineaux) posent. Il est intéressant car tu retrouves les deux aspects. Percutant sans être agressif.
Le clip de « Flotte », comme celui de « Contemplation » laissent entrevoir un hymne au voyage. La musique, c’est un moyen de t’évader ?
Carrément ! D’ailleurs un nouveau clip est en préparation. Tu retrouveras cet esprit de voyage et d’évasion. En fin de compte, la musique c’est ce qui rend ta vie un peu moins banale. La routine te rend prisonnier, la création est un moyen de l’esquiver. Pour la petite anecdote, j’ai créé la prod « Flotte » à Chamonix chez un pote. Au grand air !
Je remarque d’ailleurs que les deux clips ont été faits par le même réalisateur, Mims. Peux-tu revenir sur cette collaboration ?
J’ai rencontré Mims sur le tournage d’un clip de Dodu l’Elephant (rappeur/beatmaker et ami de longue date). J’ai passé une putain de soirée ! Et ouais, le tournage s’est fait de nuit. J’ai bien aimé le résultat du clip, le truc était carré. En plus de ça je m’entendais super bien avec lui donc la collab’ s’est faite assez naturellement. Pour ce qui est du scénario de « Flotte » et celui de « Contemplation », on a mis nos idées en commun. Une banque d’images nous a servi de point de départ pour bâtir l’histoire. Le prochain clip se fait également avec lui. L’originalité du truc, c’est que les bruits de la ville feront partie intégrante de la musique ! Je ne vous en dis pas plus…
Qui sont tes muchachos ?
Je ride avec Bermudes Records. Au départ la structure regroupait trois potes de Biarritz, dont Dodu L’Eléphant et Kazam. C’est un label qui met en avant des artistes plutôt Hip Hop. En ce moment ils sont sur le point de signer un rappeur lillois. Tu peux retrouver les différents projets de l’équipe sur la page Facebook et Youtube.
Dans « Contemplation », le premier plan est un réveil qui affiche 10 heures. Est-ce qu’il s’agit d’une heure symbolique ?
Je suis un lève tard, et encore c’est du gentil le 10 heures du mat’ ! (rires)
Pour poursuivre sur ce son, les plans larges abondent. Est-ce qu’on doit le comprendre comme une invitation à prendre le temps de regarder le monde qui nous entoure ?
C’est ça ! Comme t’as pu le voir, les plans montrent essentiellement la nature. En ville, t’es oppressé. Mais ce qui est pervers, c’est que tu ne t’en rends pas compte quand t’y es. Tu n’en prends conscience que lorsque tu t’en éloigne. En fait, il faut prendre de la distance pour le réaliser. Je m’en rend compte lors de mes retraites à la campagne. (rires)
Tes instrumentals sont nourris par de nombreux instruments réels. Est-ce que t’en joues toi même ?
Ouais, j’ai commencé la musique grâce à la trompette vers 4-5 ans. Il m’a fallu du souffle pour en arriver jusque là ! Même si j’en ai fait pendant un moment, ce n’était pas central dans ma vie. C’est au lycée que les choses ont changé et que j’ai commencé à faire de la prod sérieusement. C’était très axé Boom Bap et samples. Nas, Notorious Big, Big Pun, Wu Tang Clan, Gang Starr et plus généralement Dj Premier m’ont influencé à mort. Ensuite, j’ai voulu rajouter des vraies basses. Au début, un poto qui en jouait m’aidait. Petit à petit, pour être indépendant, j’en ai achetée une. Après la basse, je me suis tourné vers la guitare. Elle est très présente, avec un goût particulier pour l’infaillible pédale wah wah.
Ta palette est finalement assez large, tu navigues entre la funk, le jazz et parfois même dans l’électro avec le son « Vénus ». Quelles sont tes influences musicales ?
Elles sont nombreuses. Pour ce qui est du jazz, je dirais Miles Davis qui est un très grand trompettiste. Ensuite, je n’ai pas échappé à Curtis Mayfield pour la soul et la funk. Et puis le mythique Voodoo de D’Angelo, indémodable. J’écoute également du classique, une petite préférence pour Chopin. Ça va peut-être paraître assez commun, mais je ne déteste pas non plus Daft Punk, leur premier album était assez fou ! Qu’est ce que je pourrais te dire de plus… Ah oui, les Pink Floyd ! Je suis aussi porté sur la musique d’Amérique du Sud… Quantic par exemple !
J’aimerais revenir sur ton morceau « L’école des femmes ». Le texte de Molière, prononcé par une voix qui ferait trembler des basses, m’a notamment interpellé. Est-ce que tu t’es d’abord inspiré du texte de Molière pour faire ce son ?
L’histoire de ce son est amusante. Au départ, c’était un devoir pour l’école. J’oubliais de te dire, je suis dans une école d’ingé son ! Notre prof voulait qu’on sorte des carcans habituels de la musique. J’ai donc commencé par faire l’instru. Et puis, deux potes sont venus chez moi, Dodu l’Éléphant et Jojo. On chill, je leur fait écouter le son. Étant donné que Jojo a une putain de voix, une idée me vient. Je fouille ma bibliothèque et j’y déniche L’école des Femmes. Je trouve le titre assez fou. J’ouvre alors le livre à une page, bingo, elle est pleine de punchlines. J’enregistre donc la lecture de Jojo que j’intègre ensuite au son ! Voilà comment est né ce morceau, le tout en quatre heures ! On est partit d’un truc scolaire pour aboutir à quelque chose de plus hasardeux qui fonctionnait finalement assez bien.
Par ailleurs j’ai pu écouter plusieurs sons sur lesquels des Mc’s posent dont la Drasqua et Dodu l’Éléphant. Est-ce que des projets de collab’ sont en préparation ?
Avec la Drasqua, on a pas mal de choses au four. Ça dore pour le moment, quelques croustillances sortent de temps en temps. Mais pas de réel projet comme un EP. J’ai surtout envie de faire des clips avec eux. L’image est un univers que j’ai envie d’explorer. Tu peux retrouver les Freestyles Drasquatiques sur ma page Facebook ! Pour ce qui est de Dodu, je le vois presque tous les jours. On s’échange nos créations, on se donne nos avis. A côté, je bosse sur un projet concret avec Wam, un autre ami rappeur. Il est en école de design, ce qui me permet d’aborder la musique à travers un autre prisme. On a tous les deux des envies de créations originales et innovantes. On taffe vraiment à deux, histoire de s’échanger les idées et que le projet soit vivant. J’ai eu plusieurs phases dans mes processus de création. Au début, je travaillais surtout avec le sample, ensuite j’ai exploré la création personnelle. Maintenant, je fais un melting pot de tout ça avec Wam.
Et en terme de projet solo ?
Il y a une Beat Tape que j’aimerais bien sortir. Dans peu de temps, je devrais balancer un EP avec Madud (chanteur et guitariste). On a fait l’EP tout en yaourt ! Je créais les prods et il chantait dessus, inutile d’essayer de comprendre les paroles vous ne pourrez pas ! On a centré le projet sur la spontanéité. On devrait même pouvoir proposer un petit clip en animation réalisé par la copine de Wam ! Avec tous les projets que j’annonce, je vais être obligé de les sortir ! (rires)
Dans ton remix de « Dépression » de Georgio, on retrouve des caractéristiques propres aux prods modernes. Quels sont tes coups de cœur actuels ?
Pour revenir sur le remix de Georgio, je tiens à préciser que c’était une forme de challenge. C’était la première fois que je partais d’une voix pour faire une prod. D’autant plus que je n’avais pas écouté l’instru originale pour ne pas être influencé. Mes coups de cœur actuels… The Stand4rds, indiscutablement ! A cela j’ajouterais Kendrick Lamar, ses derniers albums sont irréprochables. Et puis, on va pas se mentir, Action Bronson.
Pour terminer, quelle est la couleur qui représenterait le mieux ta musique ?
…(il réfléchit) un violet très sombre.
L’écureuil de Bercy et son mot de la faim :
« J’ai des noix cachés dans mon disques dur, faut que je réussisse à les sortir. Ça va pas être facile »
(rires)
Ma sélection :
• Contemplation
• Flotte
• Vénus
• Freestyle Drasquatique 1 – VEÏ
• Freestyle Drasquatique 2 – UCCIO
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