Ma première rencontre avec David Mesguich fut complètement fortuite. Au retour d’une conférence organisée par la Commission Européenne près de l’Entrepôt Royal de Bruxelles en 2013 (les “Journées Européennes du Développement”), je traverse un couloir où s’érige un immense buste géométrique. Ayant déjà fait connaissance avec ses œuvres à travers différents magasines d’art, je tombais soudain nez à nez avec leur créateur. David Mesguich est un artiste qui travaille aujourd’hui à l’aide d’une technique de cartographie, pour créer des personnages géométriques en 3D à échelle XXL. Les espaces publiques sont des lieux qui l’intéressent particulièrement pour ce qu’ils signifient en termes de passages et de séparation. Après plus de 15 ans à se consacrer au Graffiti, il poursuit avec le dessin et la conception d’installations monumentales “in-situ” qui lui permettent de se réapproprier certains de ces espaces parfois aseptiques. Deux ans après cette première rencontre bruxelloise, David se rend à Paris pour un projet à Epinay sur Orge ; il semble que l’occasion soit trop belle pour ne pas la saisir. Je prends donc le RER C le 28 octobre à 15 heures pour le rejoindre sur son chantier, installé de façon temporaire dans l’un des bâtiments de l’école municipale, libre en période de vacances. Le projet est déjà bien avancé, et doit être peint et monté le lendemain en extérieur. Rencontre.
Qui es-tu ?
David Mesguich, artiste.
Comment t’es tu lancé dans les arts / la sculpture ?
J’ai toujours aimé dessiner et construire des trucs, du coup ça c’est fait assez naturellement au fil du temps.
Peux-tu nous en dire davantage sur ton projet actuel d’Epinay ?
Pour ce projet j’ai été contacté pour réaliser deux sculptures éphémères dans l’espace public, une à Epinay sur Orges et l’autre à Marcoussis. J’ai réalisé celle d’Epinay à l’occasion de l’ouverture de la future médiathèque. Celle de Marcoussis a été commanditée par le service jeunesse et culture de la ville pour sensibiliser les jeunes à l’art contemporain et au street art.
Comment en es-tu venu à choisir de représenter ces bustes en 3D ?
Depuis des années que je dessine je me suis toujours interdit de représenter du vivant ou de l’organique. En me concentrant uniquement sur les paysages façonnés par l’homme et les traces de celui-ci.
Avec la sculpture je prend la réflexion à l’envers et je m’attache à représenter le vivant mais avec une esthétique architecturale. Cette esthétique polygonale provient des premiers jeux 3D que j’ai découvert gamin alors que je séchais les cours pour aller jouer dans les salles d’arcade.
Ont-ils une signification particulière ?
Le point commun de nombre de ces volumes est qu’ils abordent tous la question de la séparation des espaces et des êtres. J’essaye de mettre en lumière certains paradoxes de notre société en parasitant l’espace public. Par exemple, lorsque l’on pense au fait que l’Europe s’émeuve du sort des migrants en Méditerranée et qu’elle dresse en meme temps des clôtures à la hâte pour les empêcher de passer…
As-tu été influencé ou inspiré par certains artistes dans tes créations ?
Influencé, je ne sais pas, admiratif de certains, certainement. J’ai eu la chance de partager pendant une année un atelier avec l’artiste Alain Declercq ; son travail a eu un certain impact sur le mien. J’aime beaucoup les interventions d’artistes comme George Rousse ou Katharina Grosse, l’esthétique picturale de Felipe Pantone ou encore l’univers déconstruit du collectif The Designer Republic par exemple.
Quels sont le/les lieux dans le(s)quels tu es intervenu et qui t’ont le plus marqué ? Pourquoi ?
Avec le graffiti j’ai eu l’occasion de parcourir de nombreux lieux atypiques comme des tunnels de métro ou des toits d’immeubles dans différents pays.
Plus récemment, j’ai abandonné une sculpture de 4 mètres de haut au milieu d’un dépôt de train, c’était vraiment une galère à réaliser « à l’arrache », sans autorisations, mais très drôle avec le recul. Ces lieux ont une unique vocation fonctionnelle et ne peuvent pas en principe accueillir de l’art ou des visiteurs, c’est justement ce qui les rend si intéressants.
En galerie tout est convenu et attendu alors que dehors sans permission il arrive toujours des choses inattendues. C’est un peu comme faire des expériences scientifiques, « tiens et si on mettait une sculpture comme ci devant un endroit comme ça? » Ensuite il n’y a plus qu’a voir ce qui se passe.
Tu as également réalisé des projets de fresques à la prison de Fresnes en 2012 et à celle des Baumettes à Marseille en 2014 (Jail mural 1.0 & Jail mural 2.0). Comment as-tu vécu ces expérience avec les détenus ? Que t’ont-elles apporté ?
Ces projets ont été particulièrement forts pour moi car ils faisaient écho à une partie de ma propre histoire. Pour cette raison, j’ai pris cela très au sérieux. Il a fallu s’adapter aux contraintes de la prison et dépasser les avis réfractaires. Quand vous peignez seul ou à dix sur la cour principale de Fresnes et que depuis leur cellules des centaines de gars vous regardent et vous encouragent c’est quelque chose de surréaliste, galvanisant, quelque chose qu’on n’oublie pas.
Pour les détenus participant à ces fresques, cela a été un moment de liberté et de réflexion le temps d’un été. Pour tout ceux qui les croiseront c’est quelque chose qui ne pourra qu’avoir un impact positif sur leur état d’esprit, car toujours mieux que des mur gris. Alors qu’à l’extérieur l’art est partout, en prison quand on a un seul mur peint c’est déjà beaucoup.
En 2009 tu t’es intéressé au mur de séparation en Palestine via un projet de dessins (Borderline). Tu sembles sensible à la problématique de la séparation… Est-ce le cas? Comment en es-tu venu à t’y intéresser ?
C’est un sujet dont tout le monde fait l’expérience dans la vie, à différents degrés. En ce qui me concerne c’est arrivé dès ma naissance et c’est quelque chose qui m’a profondément marqué et aura nourri mes interrogations en grandissant.
Des projets à venir ?
Oui beaucoup ! Le premier est une résidence à « Jardin rouge » au Maroc en janvier prochain.
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