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Rap & Paname : 10 sons entre 2004 & 2014

Juste avant notre conférence à Sciences Po, on sort notre deuxième mixtape sur Rap & Paname. Sauf qu’ici, on place le curseur temporel entre 2004, époque pré-soundcloudienne où le mp3 faisait la loi seul sans smartphone, et 2014, où la révolution numérique a totalement bouleversé les industries culturelles, la place forte parisienne du rap-jeu national n’y échappant surement pas. Quid de la créativité des rappeurs dans l’expression de leurs visions de notre capitale au XXIe siècle ? Dix éléments de réponses. 

 

Paris nous nourrit, Paris nous affame – La Rumeur (2004)

Reconnu pour son discours engagé concernant les quartiers, l’immigration ou encore la Françafrique, La Rumeur excelle dans l’écriture du rapport de domination exercée par la capitale en décrivant parfaitement le sentiment d’addiction éprouvé par ceux qu’elle manipule. Huit ans plus tard, sorti vainqueur de son péplum judiciaire avec le ministère de l’Intérieur qui l’a mis sous le feu des projecteurs, le groupe exprime sa maturité face à ce « monde ivre », dans Périphérie au Centre.

 

Parisiens – Sages Poètes de la Rue (2005)

La manière artistique change, mais le fond reste le même : dix ans après son premier opus qui le place sur le devant de la scène rap, le talentueux trio de lyricistes de Boulogne-Billancourt a désormais ce recul pour exprimer ses contradictions face au rouleau compresseur urbain. Râleurs, stressés et mécontents qui veulent changer d’univers, mais encimentés à la rue et au béton qui a pimenté l’avenue.

 

Paris – TTC (2006)

Qui de mieux que ces allumés de TTC pour décrire la vie nocturne extravagante de la nuit parisienne ? Planant toujours dans des atmosphères électro qui les démarquent du reste du milieu rap, Tido Berman, Cuizinier et Teki Latex racontent, entre hystérie et second degré, leur quotidien nocturne dans Paname, ville de macs, de marques, de stars et de barges. Ce dernier, également reconnu pour ses talents de Dj,  pousse d’ailleurs l’analyse plus loin avec une tribune sur la techno à Paris en 2014.

 

J’éclaire ma ville – Flynt (2007)

Champion de la scène indépendante, Flynt c’est la face B de la posture bling-bling que Paris s’évertue à encourager. Vivant désormais en banlieue, le rappeur issu du XVIIIe rime, la tête sur les épaules et sans misérabilisme, sur le quotidien d’une ville qui le pousse à « épouser la raison », parvenant à sublimer sa « putain de routine », ses galères et ses inégalités. Sans oublier le métro qui introduit son récit.

 

Paris – Rohff (2008)

Changement de MC, changement de décor. Ici pas question d’analyse d’un quotidien urbain magnifié par la plume, mais plutôt la banlieue décomplexée qui débarque aux Champs pour en faire sa chose. Tel un Tony Montana du 94, Housni a les crocs et veut dévorer une capitale dont la vitalité se nourrit en bonne partie de la matière brute de ses périphéries. La version live du titre ne peut qu’abonder en ce sens.

 

B.E.Z.B.A.R – Scred Connexion (2009)

Tels des tauliers du comptoir parisien depuis vingt ans, la Scred Connexion revendique ses racines du XVIIIe arrondissement, et plus précisément le quartier populaire de Barbès, qui s’étend de Marcadet à Château Rouge en passant évidemment par la Goutte d’Or. Loin de la nonchalance funky du Doc, le collectif démontre non sans énergie que, malgré tous les fantasmes et la violence véhiculés dans l’imaginaire de cette périphérie intra-muros, on fait avec depuis des décennies et on avance.

 

Triste Paris – Rockin’ Squat (2010)

Ambiance noir & blanc, ton grave et discours explicite et sans concession : l’un des pionniers du rap français fait son retour pour dénoncer la lente morte d’un Paris qui n’arrive plus à s’éveiller à 5 heures du matin, n’en déplaise à Jacques Dutronc. Plus d’une vingtaine d’années après ses débuts, le leader d’Assassin n’est cette fois pas dans le combat social mais culturel, la ville lumière se morfondant dans un conservatisme aveugle et pernicieux. Par le prisme de sa capitale qui concentre la plupart des forces vives artistiques d’envergure du pays, c’est en fait le classicisme français avec un grand C qui en prend pour son grade.

 

Pam Pa Nam – Oxmo Puccino (2012)

Un des plus éminents représentants du XIXe arrondissement, Oxmo Puccino, qui peut nous trimbaler entre Bogota et le soleil du Nord en quelques paroles, rend hommage à sa ville, celle qui l’a vu grandir et cultiver son art. Niché sur son spot de l’est parisien, le poète s’amuse à personnifier Paris comme un monstre bruyant qui fait bouillonner ses « globules métissées ». Parmi elles, le héros de la vidéo, un jeune aussi filou qu’insouciant qui, au gré de ses aventures dans la capitale ne sait pas où il va, ni vraiment ce qu’il fait.

 

Les Portes – Greg Frite & Capten (2012)

Plus de dix ans après son fameux Panam’ avec Triptik, Greg Frite persiste dans sa relation asymétrique avec la capitale. Au sein d’allers retours multiples entre Paris et sa nouvelle contrée bourguignonne où il est parti vivre avec femme et enfants, le kickeur retient son attention sur les Portes, lieux de clivage et de transit qui, douées de personnalités aussi fortes que singulières, illustrent au mieux la diversité de ce pôle parisien, producteur d’histoires multiplies en continu.

 

Paris – Joke (2014)

Malgré un sigle MTP revendiqué à tout bout de champ, Joke fait partie, à l’instar de ses collègues Némir ou d’un Deen Burbigo, de ces jeunes talents issus de province qui, au fil de leurs ascensions fulgurantes, ne peuvent plus éviter Paris. Le cap est franchi, le choc culturel consommé, et chacun le décrit comme il l’entend, quitte à voir son ancrage local dilué par une équation professionnelle de plus en plus centrée sur la capitale. Avec ce titre, Joke prend l’option de la force tranquille qui se complaît à narguer le stress oppressant de Paname

fixer

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