Créé en 2001 et composé d’une dizaine de fidèles rédacteurs, l’Abcdr du son a su devenir un incontournable parmi les webzines du rap. A coups de chroniques d’albums complètes, d’interviews fleuves, d’articles divers et variés, mais également de dossiers hors-séries démentiels (100 classiques du rap français, Prose Combat ou l’année rap 2013) il a démontré sa qualité et sa diversité. Alors que le site a pris un tournant majeur avec la vidéo (web-émission dédiée, et une autre spécialisée sur le rap US, intitulée Deeper Than Rap), il nous a paru nécessaire de faire le point avec Mehdi Maizi et Maxime Lebizay (aka zo.), deux de ses journalistes qui animeront et interviendront à notre prochaine conférence à Sciences Po, Le rap éclaire-t-il (toujours aussi bien) Paname ? Toujours avec ce souci du détail nuancé qui est propre au style Abcdr, ils ont joué le jeu tout en transparence et en exhaustivité. Et ce, pour notre plus grand plaisir.
Quatorze ans dans le webzine-jeu, ça en fait du temps. Quelles sont les clefs d’une telle longévité ? Est-ce que la passion suffit vraiment ?
Mehdi : J’ai intégré la rédaction en 2008 et ne suis donc peut-être pas le mieux placé pour répondre à cette question. Ceci dit, si je devais donner un bout de réponse, je dirais que, si elle ne suffit pas, la passion est la raison principale de cette longévité. L’Abcdr n’a jamais été pensé comme un site devant nous rapporter de l’argent, ça n’était pas un projet de vie à la base. Aujourd’hui, il se passe des choses autour du site et on est en droit d’avoir d’autres ambitions mais, initialement, il s’agissait avant tout de parler des disques qui nous plaisaient et d’aller à la rencontre des artistes qui faisaient ces disques. La longévité, elle s’explique aussi par le fait qu’il y a eu un renouvellement de la rédaction et qu’on a sans cesse continué à intégrer de nouvelles têtes qui permettaient de ramener un peu de sang neuf.
zo. : Cela va faire huit ans que je fais partie de la rédaction, je n‘ai donc pas non plus toutes les clefs pour répondre. Je rejoins l’explication de Mehdi. Je crois aussi qu’en plus de la passion, bien sûr, certains projets ont été très fédérateurs et nous ont permis de dépasser le danger de la lassitude. Je pense bien sûr aux 100 Classiques du Rap Français ainsi qu’à d’autres projets collectifs (Rhymin’ & Ballin’, les bilans de fin d’année, le papier autour de Fatal Bazooka, etc.). Mais je pense aussi à la liberté que nous avons toujours tous eu de mener à bien nos propres papiers, avec des échanges internes parfois musclés, mais qui ne se sont jamais transformés en contraintes, bien au contraire. Je pense d’ailleurs qu’au sein de la rédaction, tout le monde peut dire que l’Abcdr l’a fait progresser d’une manière ou d’une autre, de la vision d’écrire à celle que l’on peut chacun avoir du rap. C’est aussi ça la clef.
Aujourd’hui, beaucoup d’observateurs estiment que la décennie 2000 reste comme artistiquement la plus pauvre du rap. Vous qui êtes nés en 2001, vous partagez cet avis ?
Mehdi : Qui sont ces observateurs en question ? Des gens qui, pour la plupart, ont été jeunes dans les années 90 et qui ressentent donc une certaine forme de nostalgie vis-à-vis de cette période. Je ne leur jette pas la pierre, il n’y a rien de plus naturel comme sentiment. Récemment, lorsque j’interviewais Akhenaton, lui-même me disait que “le rap n’était pas mieux avant”, “SON rap était mieux avant”. On aura toujours plus d’émotion à parler des disques qui nous ont fait aimer cette musique. D’ailleurs, je pense que cet avis consistant à voir les années 2000 comme une décennie médiocre tend déjà à se faire de plus en plus rare. Avec les années, il y a énormément d’artistes qui étaient vus comme l’Antéchrist à l’époque qui commencent déjà à être réhabilités. Je pense à Swizz Beatz, à Lil Jon ou aux Dipset.
zo. : C’est un long débat. En 2000, effectivement, il y a eu une lassitude, particulièrement par rapport au rap français. Mais peut-être manquions-nous de recul sur ce que nous vivions ? Pour ma part j’ai 33 ans, j’ai absorbé le rap comme n’importe qui né en 1981 puis plus sérieusement durant mon adolescence, c’est à dire pendant la seconde partie des 90’s. Je n’ai pas trop souffert de cette nostalgie ou de ce sentiment de creux. Pourquoi ? Car durant cette période, on a senti un underground fort et novateur, américain autant que français (le nombre de webzines et leurs lignes éditoriales le prouvent, je pense à 90bpm, hiphopcore, hiphopsection, fakeforeal ou nous, qui à l’époque ont tous mis en avant des choses nouvelles). Par contre, ce qui m’a gêné au même moment, c’est que la façon de rendre le rap grand public était assez unilatérale. La diversité et le fourmillement auquel on assistait étaient confinés à internet. Ça a creusé des fossés. Mais c’est aussi à tous les acteurs du rap et du hip-hop de se remettre en cause sur cette période, ce que l’on n’a pas forcément fait à ce moment-là, se contentant surement un peu trop de crier un peu simplement “fuck skyrock”.
Après une dizaine d’années d’expérience, on devient plus difficile avec les nouveaux venus ?
Mehdi : Pas forcément avec les nouveaux venus. On est surtout plus difficile avec les artistes qui proposent des choses qu’on a déjà entendues des centaines de fois. Alors, évidemment, on ne va pas demander à tous les disques qui sortent de réinventer la roue, d’autant que parfois un disque qui va utiliser de manière efficace des recettes déjà connues fera largement l’affaire. Mais disons qu’il n’y a rien de plus excitant pour un auditeur que d’être surpris par un artiste, d’avoir l’impression d’écouter quelque chose de nouveau. Et ça, forcément, ça arrive plus rarement.
zo. : De quels nouveaux parle-t-on ? Mehdi parle des artistes. Je vais parler de la rédaction alors ! Je pense que l’Abcdr s’est ouvert éditorialement parlant. La qualité des papiers reste un leitmotiv, mais il y a une volonté de s’ouvrir, de moins s’enfermer systématiquement dans des choses très pointues et parfois ultra-référencées. Ca ne veut pas dire qu’on ne le fait plus ni qu’il ne faille plus le faire ! Mais la plupart d’entre nous tourne autour de la trentaine, et certains l’ont déjà bien tassée. Du sang neuf est important, et on ne peut pas demander à quelqu’un né en 1994 de regarder le rap comme quelqu’un né en 1977. Ce qui est important, c’est la pluralité et de continuer à se parler, à se faire des retours.
Youtube et autres réseaux sociaux ont-ils exacerbé l’ego-trip des rappeurs, notamment en les enfermant dans leur propre personnage ? Ou se prennent-ils autant au sérieux que par le passé ?
Mehdi : Là-aussi, c’est compliqué pour moi de répondre à cette question puisque j’ai commencé à rencontrer des rappeurs à une époque où les réseaux sociaux et Youtube existaient déjà, même s’ils n’étaient pas aussi importants qu’aujourd’hui. Par contre, j’ai rencontré très peu de rappeurs qui se prenaient au sérieux ou qui ont fait preuve d’un égo exacerbé. Globalement, ça s’est toujours très bien passé.
zo. : Il n’y a pas une réponse unique à cette question, et de toute façon le rap aime les personnages et en a besoin. Que des rappeurs fassent usage des réseaux sociaux, rien de plus normal. Le point clef des réseaux sociaux, c’est le rapport avec le public qui a changé, qui est plus direct et donc plus frontal, parfois même peut-être plus violent certes. Mais il ne faut surtout pas le limiter à ça.
Dans une de vos interviews, Disiz vous a demandé de vous allier avec d’autres journalistes de qualité pour que votre impact contrebalance les médias mainstream qui n’arrivent pas à comprendre le rap. Qu’en pensez-vous ? Avez-vous cette ambition de devenir complètement incontournables ?
Mehdi : Je pense que c’est une très belle idée. Sur le papier. En réalité, les médias qu’il cite dans cette interview sont des médias complémentaires mais pas nécessairement compatibles. Aujourd’hui, est-ce qu’il y aurait vraiment un sens à fusionner Booska-P et l’Abcdr ? Je ne pense pas. Et je dis ça sans aucun mépris, Booska-P est un site sur lequel je vais régulièrement, qui propose des interviews de qualité… Par contre, je pense qu’on ne fait pas exactement la même chose, qu’on n’a pas la même façon de traiter nos sujets. D’où l’idée de complémentarité dont je parlais. Ce que Disiz appelait de ses vœux était une sorte de contre-pouvoir aux médias dominants. Nous ne réfléchissons pas vraiment en ces termes. Quand nous faisons une interview ou lorsque nous écrivons un article, nous n’avons pas en tête les Inrocks, Skyrock ou Eric Zemmour. L’idée n’est pas de réhabiliter l’image du rap. Je vais presque aller à l’extrême et dire que ça n’est pas notre problème. Ce que nous cherchons à faire, c’est parler de rap de la meilleure des façons. C’est tout.
zo. : Même si je comprends le discours de Disiz, je le trouve maladroit. Qu’il exprime cette envie c’est normal, mais que chacun reste aussi à sa place me semble aussi normal. L’Abcdr (comme n’importe quel autre confrère spécialisé) ne se met pas à dire aux rappeurs ce qu’ils doivent rapper ou s’ils doivent ou pas s’associer. Ce que je crois par contre, et je pense que c’est aussi ce que voulait dire Disiz, c’est qu’il faut une pluralité pour déconstruire un discours qui semble dominant via les mass-medias. Mais pour ça, il faut aussi admettre que les générations qui ont grandi avec le rap s’installent et arrivent là où leurs voix pourront porter. Et ça, ça prend du temps, surtout dans un pays comme la France où il faut toujours laisser du temps au temps.
Encore une fois, on manque de recul, mais le chemin parcouru depuis 20 ans est énorme, dans le bon comme dans le mauvais sens du terme. Mais puisque j’ai l’âge où j’assiste à beaucoup de mariages, je vais te prendre cet exemple tout bateau : qui entendait du rap dans les mariages des années 90 ? Aujourd’hui, dans chaque mariage, tu entends du rap. Alors pas forcément du rap underground ou du gouffre, ça relève plus du Mia, de Jay-Z, de La Fièvre ou de 2Pac. Mais ça veut tout de même dire quelque chose : les gens qui sont en train d’arriver dans la vie active, qui ont aujourd’hui entre 20 et 40 ans, quoi qu’ils fassent, ils ont tous absorbé a minima les codes du rap . Ça ne nous fait pas peur le rap car quand tu grandis avec quelqu’un, tu n’as pas peur, tu ne juges pas de travers. Et ça se sent de plus en plus que cette génération qui connait le rap arrive. Le rap est plus reçu et absorbé, mass-medias inclus, même si le traitement reste souvent mauvais. L’hégémonie des mass-medias est-ce qu’elle est : en France, on fera toujours plus confiance à un mec de 45/50 ans qu’à un jeune de 25 ans pour parler au plus grand nombre. Et le vrai danger du mass-media, c’est le goût de la polémique et la culture de la petite phrase, surtout quand il s’agit de rap. Mais nous tous qui avons grandit avec le rap, que nous ayons aujourd’hui 16 ou 35 ans, nous sommes tous les quadra de demain, et les codes, qu’on travaille pour l’Abcdr ou pour “On n’est pas couché”, on les a. Le rap on le comprend, c’est à nous tous de cette génération de l’emmener avec nous partout où l’on va. Et les oldschool ont déjà commencé ce boulot. A nous de le finir.
A l’heure de twitter et de l’infotainment, est-ce plus difficile d’écrire des articles de fond, et de séduire plus de lecteurs avec ?
Mehdi : On pourrait être tenté de le croire parce que, effectivement, tout va plus vite. La vérité est ailleurs à mon avis : avant les réseaux sociaux, moins de gens nous lisaient. Je pense que, mathématiquement, il y a plus de gens qui sont susceptibles de tomber sur un de nos articles aujourd’hui qu’en 2006. Par contre, il doit y avoir plein d’internautes qui préfèrent cliquer sur des news racoleuses que sur des interviews de 5 pages, qui préfèrent regarder des vidéos de 3 minutes sur le clash Booba vs Kaaris que nos émissions de 40 minutes. Mais faut-il les blâmer ? Je ne crois pas. Internet va tellement vite, nous donne tellement l’impression de ne plus avoir le temps de rien que c’est une attitude assez logique. Je pars du principe que les gens qui ont envie de nous lire nous liront de toute façon. Et, même si on est encore loin d’être un poids lourd en termes de visites, on voit que le nombre de gens qui nous lit augmente.
zo. : Le but, c’est d’ouvrir des portes. Si le lecteur, dans sa boulimie sur internet, flashe sur un clip, ou même sur une de nos news qui pourrait sembler expéditive, le but c’est que derrière, il trouve des ressources s’il décide de creuser. C’est aussi ça le rôle d’internet : que la masse d’info et le zapping qui va avec n’enlève pas la possibilité d’approfondir. Je pense que l’Abcdr permet cela.
Le digital a bouleversé l’industrie du disque, le business-model des artistes, mais également le journalisme. Est-il pour vous inconcevable, d’instaurer à terme de la publicité, et/ou mettre des premiums sur certains articles, façon Mediapart ?
Mehdi : On est en train de réfléchir à tout ça. En tout cas, ça n’est pas inconcevable, à condition de bien le faire. On ne mettra jamais une bannière Opodo en page d’accueil de notre site par exemple. Je pense que, malgré tout, on a réussi à construire une identité et une marque avec l’Abcdr et, si on décide de mettre de la publicité demain, il faudra qu’elle soit en cohérence avec cette identité.
zo. : Je ne crois pas à la publicité pour un site comme le nôtre. Après, tout dépend de ce qu’on deviendra. Aujourd’hui on a tous un boulot, une vie, on n’a pas besoin d’être payé pour écrire. Certains projets pourraient par contre nécessiter des levées de fond, c’est vrai. Et même si je ne pense que payer les rédacteurs n’est pas nécessaire, comment pourrais-je critiquer un rédacteur qui souhaite être payé pour son travail ? Tant que sa motivation n’est pas l’argent, je ne peux pas critiquer quelqu’un qui demande une rémunération contre son travail. Mais je crois plus au financement participatif sur des projets qu’à la publicité.
Vous êtes une dizaine de rédacteurs réguliers, comment ça se gère? A un moment, faudra-t-il s’industrialiser, façon rap genius ?
Mehdi : Aujourd’hui, nous n’en avons pas besoin et on fonctionne encore à la cool : celui qui veut écrire quelque chose le fait. On n’a pas peur du vide et ça n’est pas grave si on n’a rien à publier pendant une semaine. Bon, je dis ça mais ça fait longtemps que nous ne nous sommes plus retrouvés dans cette configuration. On a enfin réussi à trouver notre rythme de croisière. Si demain, nous avons le besoin et les moyens de nous industrialiser, nous le ferons. C’est tout le mal que je nous souhaite.
zo. : S’industrialiser, ça sous-entend un budget et des sacrifices sur nos vies personnelles et pro’. Comme l’a dit Mehdi, aujourd’hui, on fonctionne très bien sans. Je pense que c’est plutôt certains “postes”, une partie de la production, qui a besoin de d’industrialiser, plus que le site lui-même. Et ses postes là ne sont pas les plus visibles pour notre lectorat : je pense à JB qui fait un travail de développement informatique énorme, en cohérence avec une volonté éditoriale. Je pense Mehdi pour qui les émissions sont un véritable investissement et à l’équipe technique qui va avec. Je pense aux photographes et graphistes. C’est à des choses comme ça que je pense, plus qu’aux rédacteurs.
Observez-vous une évolution des rédacteurs, sur le fond, comme sur la forme ? Autrement dit, passion intacte, mais quelle évolution de style chez l’Abcdr ?
Mehdi : Je dirais qu’il y a deux écoles au sein de la rédaction. Il y a une partie des rédacteurs qui restent très fidèles à une certaine couleur de son, à des artistes qu’ils suivent depuis longtemps et dont ils chroniquent quasiment toutes les sorties. Et d’autres qui, au fur et à mesure des évolutions de cette musique, ont parfois changé d’orientation et de préférence. Je pense que cette dualité est nécessaire à l’équilibre du site. C’est ce qui nous permet de pouvoir parler de l’Asocial Club et de Migos la même semaine.
zo. : Tous les styles (ou presque) sont représentés au sein de la rédaction. Après, nous n’avons pas tous la possibilité de nous investir de la même manière. Certains rédacteurs sont donc plus productifs que d’autres. Cela peut laisser croire qu’il y a une évolution de style chez nous. Mais s’il y a une évolution de style, elle vient de la maturité que le site acquiert, et des différences de productivité entre rédacteurs. Pour le reste, si vous tombez sur la rédaction au complet, je pense que quelque soit le groupe de rap dont vous nous parliez, il y a aura toujours quelqu’un pour répondre.
Pourquoi et à partir de quand avez-vous décidé de prendre et assumer ce tournant des vidéos et des soirées ?
Mehdi : En ce qui concerne la vidéo, on voulait en faire depuis longtemps. C’est quand même le nerf de la guerre depuis quelques années. Seulement, on n’avait pas les ressources compétentes en interne pour nous permettre de produire du contenu régulier. On avait déjà publié quelques interviews vidéo mais ça ne sortait vraiment qu’au compte gouttes. Le déclic s’est fait lorsque Dailymotion nous a contacté et nous a demandé si un partenariat nous intéresserait. C’est à ce moment qu’on s’est dit qu’il y avait une carte à jouer. Il faut préciser que Dailymotion soutient le projet en mettant notamment un studio et une équipe technique à notre disposition. Pour les soirées, ça venait vraiment d’une envie personnelle. Aujourd’hui, ce serait mentir que dire qu’il n’y a pas de soirées rap : il n’y a que ça ! Mais, malgré tout, j’ai encore du mal à y trouver mon compte. Attention, les soirées Yard du Wanderlust étaient impressionnantes, les Hip Hop Fridays du Social sont très cools, il y a des trucs mortels au Faust ou au Showcase, de plus en plus de DJ’s savent vraiment jouer du rap en soirée… Mais, globalement, j’ai encore du mal à kiffer ma soirée de A à Z. L’envie de faire des soirées partait purement de ce caprice : j’avais envie d’aller à une soirée où je savais d’avance que j’allais kiffer ce que joueraient les DJ’s. Aujourd’hui, on a mis ça entre parenthèses pour ne pas trop nous disperser mais on en fera à nouveau en 2015.
Il y a dix ans, comment imaginiez-vous l’Abcdr ? Quel est l’écart entre la prédiction passée et la réalité actuelle ?
zo. : C’est plutôt aux fondateurs et “grands anciens” de répondre à cette question. Mais je vais tout de même donner une piste : il y a 10 ans, et encore plus en 2001, jamais on aurait imaginé le net comme ça. En 2001 quand le site a été lancé, l’ADSL s’était encore un truc de dingue, Napster existait et on avait encore des walkmans et des auto-radios K7 Blaupunkt. Motorola était la hype en téléphone portable et il fallait se foutre à côté d’un lampadaire pour téléphoner avec son be-bop. Et là je parle seulement de technologie. Mais pour le rap, c’est pareil. Le Dirty, la Trap, ce qu’on a qualifié de rap “alternatif” aussi. Tout ça, qui le voyait venir ? A l’époque où la mode était au sac Wu-Tang et où NTM passait en procès, qui imaginait qu’on lirait des sites web sur nos téléphones et que le rap prendrait toutes ces directions ? Alors bien sûr qu’il y a toujours eu une impulsion pour qu’on grossisse, qu’on avance, et cette impulsion vient particulièrement de Nico et JB. Mais qui aurait pu prédire que le site devienne ce qu’il est aujourd’hui ? Personne.
Dans 10 ans, comment imaginez-vous l’Abcdr ?
Mehdi : On est précisément en train de réfléchir à tout ça actuellement. Je t’enverrai le compte-rendu de notre prochaine conférence de rédaction !
zo. : Je n’en ai pas la moindre idée, mais vu que j’aime le rap, tout ce que je demande, c’est être surpris.
Petit rapido pour la route
Selon vous, le rappeur / la rappeuse le/la plus drôle ?
Mehdi : Salif
zo. : Gérard Baste.
Le/la plus sous-estimé(e)?
Mehdi : Salif
zo. : Freko
Le flow le plus atypique?
Mehdi : Salif
zo. : JP Manova
Le/la plus mystérieux/se?
Mehdi : Salif
zo. : Solaar
Le/la plus malin(e)?
Mehdi : Salif
zo. : tous les jeunes qui arrivent. Je pense qu’il n’y en a un paquet qui sont très malins.
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