A la découverte du 6b, lieu culturel de 3500m2 aux portes de Paris qui accueillera le 14 mars prochain la soirée de clôture du festival Le Bruit de la Ville.
« La fête à Paris c’est fini ? » titrait en novembre 2013 le magazine L’Express. Il paraîtrait que les Parisiens acceptent désormais de prendre le cabalistique RER pour fouler du pied la banlieue ténébreuse et insaisissable de la capitale. Si la question posée par l’Express sonnait comme une révélation, l’effervescence culturelle et festive de la banlieue parisienne est pourtant une réalité depuis déjà quelques années.
Le 6b, un espace aux mille et une facettes
C’est en 2010 que naît le projet du 6B à l’initiative du jeune architecte Julien Beller, originaire de Saint-Denis. Il signe un contrat avec Bernard Brémond, promoteur et propriétaire de ce bâtiment en bâton sur les berges de Seine. Situé à quelques pas de la gare RER de Saint-Denis et abandonné après avoir été le siège social de Alstom pendant quelques années, le 6b accueille désormais sur ses 6 étages pas moins de 150 résidents artistiques. Loin d’être un squat, les artistes résidents paient la modique somme de dix euros le mètre carré pour laisser libre cours à leur créativité : on retrouve ainsi au détour d’une pièce un atelier de menuiserie, un atelier graphique, une salle d’expression corporelle ou encore des labos photo argentique.
Comment peut-on avoir l’idée de former une résidence artistique dans un bloc de béton abandonné d’une zone mal famée ? Saint-Denis n’est en effet pas la destination touristique préférée des français : septième ville de France qui présente le taux de pauvreté le plus fort, Saint-Denis souffre d’une assez mauvaise réputation auprès des Parisiens. Toutefois la jeunesse de sa population et son cosmopolitisme (un habitant sur trois de Saint-Denis a au moins un parent né hors de France) favorisent la rencontre et l’échange culturel en rendant ainsi possible l’effusion artistique que l’on découvre au 6b. La valeur et la noblesse du projet de Julien Beller ont été récompensées au printemps 2013 par la région Ile-de-France : le 6b bénéficie désormais de l’appellation « Fabrique de culture », ce qui lui permet, outre la reconnaissance, de profiter d’aides au fonctionnement et à l’aménagement.
De l’art de la fête
Ce lieu culturel à l’écart du traditionnel patrimoine parisien n’est pas seulement une résidence artistique. Outre ses nombreuses expositions temporaires, le 6b ouvre quelques soirées par mois ses portes aux petites lucioles parisiennes qui viennent faire briller et résonner le bruit de la fête dionysienne. On pense d’emblée au collectif 75021 qui y organise ses soirées électro sur le modèle 14 :00/minuit un samedi tous les quatre mois environs. On pense aussi aux soirées de Soukmachines, collectif qui réussit à mêler souk, groove, bonne humeur et laisser-aller. Le 6b a le don de s’adapter à tous les types de soirées : que ce soit techno, électro, funk ou souk, le 6b, modulable et évolutif à souhait, est toujours la promesse d’une soirée hors du commun. C’est également ici qu’on fonce sans hésiter l’été à la désormais fameuse FAR (pour « Fabrique à Rêve), un événement culturel de Saint-Denis devenu incontournable.
Si, comme on le dit partout, le renouveau de la nuit parisienne se trouve hors des murs de la capitale, le 6b en est assurément une preuve et un moteur. Le 6b est également un exemple à suivre en ce qui concerne l’appropriation de la ville par ses habitants : par son projet, Julien Beller a réussi à faire des dionysiens les acteurs et les aménageurs de leur quartier, offrant ainsi à Saint-Denis l’espoir d’une nouvelle identité. Et ce n’est que grâce à des initiatives de la sorte que le Grand Paris quittera ses habits d’illusion politique pour devenir une réalité.
On vous donne donc rendez-vous ici, à Saint-Denis, au 6b, à dix petites minutes de la Gare du Nord en RER pour la soirée de clôture de notre festival le 14 mars 2014. Retrouvez toutes les informations concernant la programmation musicale de la soirée et les collectifs de djs invités.