Portrait d’une égérie des soirées lesbiennes parisiennes. Johanne, après avoir fait ses armes Chez Moune pendant dix ans, s’est lancée à son compte dans la nuit de Pigalle. Elle inaugure fin novembre un nouveau club, le Calamity Joe.
Si elle avait voulu faire de l’argent, Johanne ne serait pas où elle est aujourd’hui. Ses premiers pas dans le monde de la nuit se font en tant que chanteuse Chez Moune en 2001. Introduite dans le mythique club lesbien de Pigalle par son amie Joe, elle commence modestement : une heure de show tous les samedi soirs. Son expérience dans la restauration et sa chance lui permettent de passer derrière le bar pour remplacer une clavicule cassée, puis derrière les platines. De fil en aiguille elle impose sa personnalité au club qui perdait à l’époque de plus en plus de clients. Les samedis « entre filles » sont son idée. Rendre au club art déco créé en 1936 les armes qui ont fait sa célébrité, voilà l’ambition : offrir des soirées de qualité, de respect mais sans y perdre en ambiance.
L’expression révèle bien plus qu’il n’y paraît, car au-delà d’une soirée lesbienne quasi-sectaire, il d’agit d’une soirée où homosexuelles et hétérosexuelles se côtoient sans crispations, sans regards en biais, où même les hommes sont les bienvenus s’ils demandent gentiment. C’est la formule que Johanne a exporté au Fox Club à son départ de Chez Moune. A seulement une rue plus loin, et quelle rue ! La rue Frochot : au beau milieu des bars à hôtesses et des sexshops, elle redonne aux lesbiennes une soirée digne de ce nom. Au bout d’un an, victime de son succès et de l’exiguïté du Fox, elle change de trottoir pour s’installer juste en face. Elle ouvre ce jeudi, le Calamity Joe, son nouveau club/cabaret féminin. Mixte la semaine, entre filles le samedi, les DJ sets italo-disco y endiablent la piste de danse jusqu’au petit matin. Impossible de rater cette grande femme au pantalon zébré, aux cheveux courts et oxygénés, au visage jeune et énergique. Un brin gouailleuse, elle tient son club avec poigne, façon « vieille école » comme elle aime à revendiquer. Les lieux doivent être impeccables, les fêtards aussi : tenue correcte exigée, amabilité requise, drogue interdite. Johanne est à mi-chemin entre une clubbeuse délurée et une patronne de bistro parigot. C’est bel et bien l’amour de la nuit et son professionnalisme qui l’ont menés là.
La clientèle du club se situe essentiellement parmi des homosexuelles trentenaires ou quarantenaires. Selon Johanne beaucoup d’entre elles ont été déçues par la teneur des soirées lesbiennes parisiennes. Elles cherchent désormais des lieux décents qui tranchent avec cette tendance qui associe gay à une certaine débauche. Johanne dénonce avec tristesse le tapage de la Gay Pride par exemple, qui nuit à l’image des homosexuels. Au même titre, la violente intervention de l’association féministe Femen pendant la manifestation anti-mariage gay du 18 novembre a largement envenimé le débat du mariage gay. Confortant un amalgame entre tous les sujets sensibles de l’actualité (religion, famille, féminisme, homosexualité), les militantes ont aspergé les familles d’aérosols, coiffées comme des nonnes, seins nus, couvertes d’inscriptions haineuses comme « fuck Church », « occupe toi de ton cul » puis « in gay we trust »…
En 2008, André et Lionel, les gourous du Paris branché rachetaient Chez Moune, ils proposent alors à Johanne d’être leur directrice artistique. Une offre pareille, ça ne se refuse pas, et pourtant… L’expérience est courte, au bout de quelques mois la grande blonde s’échappe pour ouvrir le Fox. Le poste offert était confortable en effet, mais ne correspondait pas : Johanne ne veut pas s’asseoir sur ses principes et encore moins sur ses passions. C’est décidé, elle ne fera pas son beurre confortablement avec les stars du Baron, elle ne coulera pas des jours paisibles sous l’aile des deux petits génies à la mode.
Aujourd’hui le Calamity Joe est encore clinquant de ses récentes rénovations, les lieux ne demandent qu’à s’imprégner de souvenirs, le bar attend les coudes et la piste de danse d’être piétinée inlassablement par les danseurs déchainés. Entre les mixes, les chants voire les « one woman show », cette joyeuse troupe vit jusqu’au petit matin au rythme de Johanne et son DJ fétiche, Rob Alves. A leur manière, enclavés dans les ténèbres de Pigalle, ils font la nuit.
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