Caraco se produira pour la première fois en solo le 9 juillet prochain au Carreau du Temple à Paris. Elle présentera pour l’occasion plusieurs des nouveaux morceaux du disque qu’elle prépare cet été à Paris. Entre deux concerts avec Nouvelle Frontière à l’Espace B et au bateau El Alamein (le dimanche 2 juillet), nous l’avons rencontrée en bord de Seine pour une interview « Paye ta Ville » aquatique.
T’habites où ? J’habite dans le 18ème.
T’y es depuis combien de temps ? J’y suis depuis deux ans. C’est mon quartier préféré.
T’es née dans quelle ville ? Je suis née presque dans l’eau, à la clinique des Lilas. Ma mère avait passé la nuit dans l’eau pour accoucher. Mais je ne suis jamais sortie dans l’eau parce qu’elle était trop fripée à force de m’attendre.
Ton premier souvenir marquant dans ta ville ? C’est quand j’étais petite. J’ai grandi dans le Sud et quand je venais à Paris c’était en vacances pour voir ma famille. Ma tante habitait rue du Faubourg Saint-Denis. Un jour en partant, on a remonté la rue en taxi et j’ai pleuré parce que je ne voulais pas partir. D’ailleurs après avoir passé mon BAC dans le Sud j’ai même pas attendu les résultats et je suis montée directement ici.
Est-ce que tu trouves que cette ville a changé ? J’ai pas l’impression d’avoir une vision assez grande sur le temps pour pouvoir observer un réel changement. Ça ne fait que 6 ans que je suis à Paris. Après, par rapport aux visions que j’ai de quand j’étais petite j’ai l’impression que ça s’est beaucoup gentrifié. La rue du Faubourg Saint-Denis c’était vachement populaire à l’époque par exemple, pas du tout bobo.
Où est-ce que tu vas pour te poser ? J’aime bien le Parc de Belleville parce qu’il me rappelle le Parc Saint Bernard de Hyères, la ville où j’ai grandi, qui était tout en hauteur aussi. J’aime bien qu’il y ait des marches pour se reposer. Et c’est aussi la plus belle vue de Paris !
Une expression de ta ville que tu aimes bien ? Moi je suis nulle en expression, elles sortent toujours de travers dans ma bouche. Mais je dis beaucoup « genre ». Mon expression préférée c’est « chic » sinon mais c’est très personnel et pas parisien pour autant.
La ville où t’aimerais habiter ? J’ai pas identifié clairement une ville. Mais j’aimerais plus de nature, probablement l’océan et que ce soit super dynamique… qu’il s’y passe des choses ! Mais j’ai pas encore trouvé. Ca ressemble un peu à LA dit comme ça mais j’ai un peu de mal avec la mentalité américaine.
Des bruits de la ville qui t’ont influencée dans tes productions ? Le bruit de la porte du métro. Parfois j’aime bien écouter mes nouveaux morceaux en me baladant : si le son des portes qui se ferment matche avec le morceau, c’est assez cool comme moment. Après ça ne m’inspire pas pour autant. J’aime bien composer quand y’a de la pluie dehors sinon.
Comment s’appellerait ta ville imaginaire et à quoi est-ce qu’elle ressemblerait ? Ce serait la ville de Babar : Célesteville. C’est une ville très chic et en même temps très humaine. Enfin animale pour le coup. En fait, dans ma ville imaginaire, il se passerait quelque chose de beau : les gens auraient conscience les uns des autres et il y aurait un vrai respect. On s’en fiche qu’elle soit belle tant qu’il y a des connexions humaines.
Ta ville cauchemar ? Probablement une ville de Russie ou de Roumanie. J’y suis jamais allée mais ça m’angoisse d’avance. Il y fait froid et ça l’air hostile.
Ce qui t’apaise en ville ? Créer un temps suspendu pour soi parce que tout bouge très vite. Faire du yoga ou aller près de l’eau, par exemple de la Seine à Paris.
Ce qui t’énerve en ville ? Clairement le bruit : les klaxons, les ambulances… Et puis le stress des gens. La ligne 13 en heure de pointe me rend un peu claustrophobe et même agoraphobe. Et puis, le manque de respect des gens et de prise de conscience de leur environnement : dans la rue, tout le monde reste dans sa bulle et je trouve ça dur.
Le lieu urbain où tu voudrais tourner un clip ? On en avait fait un dans la Cité des Damiers, à Courbevoie. Aujourd’hui j’ai envie de créer une ambiance spatiale dans un endroit urbain. Un endroit avec beaucoup de ciel. Sur des toits peut-être mais j’ai le vertige alors ça risque d’être compliqué. Je vais prendre une doublure (rires).
La petite habitude que tu as quand tu es dans ta ville ? Je suis vraiment pas une fille d’habitude. Je trouve ça touchant les gens qui en ont mais surtout déprimant. Par exemple, j’aime pas le rituel de lire le journal en prenant un café dans le même endroit tous les jours.
Et dans une ville étrangère ? Je vais faire énormément de choses dans une journée pour ne rien rater, jusqu’à l’épuisement. En fait, je vais plus être dans le voir des choses que rencontrer des gens. C’est mon côté un peu chat sauvage.
Le type de personnes que tu aimes observer à une terrasse de café ? J’ai un petit jeu qui consiste à imaginer la voix des gens quand ils ne parlent pas. Si par malheur ils parlent et que la voix ne correspond pas c’est toujours étonnant mais la plupart du temps ça marche. Je vous le conseille c’est un passe-temps formidable !
Plutôt multitude ou solitude ville ? J’aime tellement les deux. Je ne peux pas être toute seule tout le temps ou toujours avec des gens. J’ai besoin de l’équilibre entre les deux.
La ville où prendre sa retraite ? Je me verrais bien prendre ma retraite à Berlin.
Une ville ou un quartier où marcher la nuit ? Franchement La Chapelle (rires). Le tronçon La Chapelle – Gare du Nord c’est parfait.
Une musique sur la ville ? Garota de Ipanema de Tom Jobim
Un film sur la ville ? Cléo de 5 à 7 d’Agnès Varda. Une chanteuse attend des résultats médicaux et pense qu’elle va avoir un cancer. Tu la vois arpenter des rues du 14ème juste vers le parc Montsouris. Elle prend le bus 57 qui existe encore aujourd’hui. Et ça c’est vraiment Paris. Un film magnifique.
Ta ville rêvée pour jouer un concert ? Tokyo. J’en rêve. Je suis sûre que les gens sont complètement attentifs et en même temps fous, drôles… En plus, ils sont assez friands de l’électro-pop. Moi je me sens complètement japonaise dans ma tête !
Ton endroit dans le monde préféré pour voir un live de musique ? Y’a un endroit qui s’appelle le Baby’s All Right à New York. Je suis restée trois mois là-bas et j’en garde un souvenir magnifique. J’avais flashé sur ce lieu. J’aime bien les petites salles intimes.
La ville que tu préfères pour acheter des records ? Le plus drôle c’est de les chiner dans des vides-greniers de villes de province en France. Pas une ville en particulier mais plus un endroit inattendu. Les gens savent pas forcément ce qu’ils vendent et je préfère en acheter là plutôt que chez un disquaire où les vinyles sont vendus en toute connaissance de cause. J’aime bien les objets avec des histoires.
Si tu devais remplacer La Seine par quelque chose ce serait quoi ? Je remplacerais la Seine par l’océan. Paris Plage, ce serait pour de vrai.
Une question que tu aurais aimé qu’on te pose au sujet de la ville ? Pour toi, si ta ville était un parfum, qu’est-ce que ce serait ? Je me suis déjà posé la question : dans Paris on est globalement dans des odeurs de pollution mais quand tu passes vers un parc et qu’il vient de pleuvoir, l’odeur de la terre et de la nature c’est vraiment une belle surprise. Un mélange d’asphalte et d’herbe humides…
Photo de couverture : Jade Lebloas
Lire aussi le Paye ta ville de Faire
2 Comments